Bien qu'il avait été interdit par la préfecture de police, un rassemblement s'est tenu en mémoire d'Adama Traoré le samedi 8 juillet 2023 place de la République à Paris. 2 000 personnes s'y sont rassemblées à l'initiative d'Assa Traoré, contre qui une procédure judiciaire pour "délit d'organisation d'une manifestation non déclarée" a été engagée.
De nombreux élus, principalement issus de La France Insoumise, y ont participé. C'est aussi le cas de Sandrine Rousseau. La députée écologiste a été épinglée sur sa présence à ce rassemblement interdit lors de Week-end direct sur BFMTV. "J'y étais parce que l'interdiction de ce rassemblement ne semblait pas être justifiée par un trouble à l'ordre public contrairement à ce qu'a annoncé la préfecture. Et pour cause, puisque ça faisait 7 ans que cette marche pour Adama était organisée chaque année et qu'elle s'est toujours bien passée", a-t-elle expliqué.
Alice Darfeuille a alors notifié que le contexte n'était pas le même cette année. "Précisément parce que le contexte n'était pas le même, on avait besoin de cette marche pacifiste pour montrer que la résistance était une résistance politique à une espèce d'inertie en face qui consiste à accepter des communiqués de presse de syndicats de police qui qualifient ces gens de nuisibles... J'y suis allée pour défendre ces personnes avec mon écharpe. Nous étions une douzaine et nous avons d'ailleurs fait barrage plusieurs fois pour que tout se passe bien", s'est défendue celle qui a eu un face à face très musclé avec Apolline de Malherbe.
Elle a, en outre, dénoncé l'arrestation de Youssouf Traoré, le frère d'Amada. "Il a été plaqué sur le ventre avec trois policiers sur lui. Comment peut-on imaginer que ça soit un geste anodin de la part de la police ? Comment ne pas imaginer qu'il n'y ait pas là une provocation pour dire que du jour au lendemain cela pourrait se reproduire ? (Adama Traoré est mort quelques heures après son arrestation par la police en 2016, ndlr)", s'est emportée la députée d'Europe Ecologie-Les Verts.
Othman Nasrou, vice-président de la région Île-de-France et premier secrétaire général délégué Les Républicains, s'est dit "effaré" par les propos de Sandrine Rousseau. "Elle est parlementaire à l'instar de la douzaine de députés qui l'ont accompagnée. Elle fait la loi et fait une loi qu'elle ne s'applique pas... Madame Rousseau, vous êtes une hors-la-loi ! Vous avez choisi de vous affranchir des lois de la République...", a-t-il scandé avant que son interlocutrice l'interrompe : "La participation à une manifestation est autorisée par la loi !".
Après l'avoir incitée à se taire, Othman Nasrou a lancé à la députée EELV : "Vous avez bravé une décision de justice puisque la décision du préfet a été validée par la justice !". L'échange a viré à la cacophonie. Alors que son interlocutrice martelait que la participation à une manifestation est autorisée par la loi, l'invité de Week-end direct a perdu ses nerfs : "Je veux bien que vous soyez, Madame Rousseau, partie et juge, que vous puissiez vous-même décréter comment ça marche dans notre pays. On voit bien que vous voulez transformer notre pays dans un désordre, dans une espèce d'énorme ZAD...".
"Il y a des procédures, il y a des lois, vous avez bravé une loi. Vous avez enfreint les lois de la République. Et vous donnez ensuite un exemple terrible au moment où précisément ce qui est au coeur du débat, ce sont les refus d'obtempérer. Vous avez refusé d'obtempérer à une décision du préfet de police validée par la justice ! C'est extrêmement grave ce qui s'est produit aujourd'hui dans notre pays...", a-t-il asséné. Ce à quoi Sandrine Rousseau a réagi par un "sortez les mouchoirs" avant de taper du poing sur la table: "La participation à une manifestation, même interdite, est autorisée, donc j'étais dans mon droit d'y être !".