De 1984 à 1995, Akira Toriyama n'a pas seulement révolutionné le monde du manga avec Dragon Ball & Dragon Ball Z, il en a également dominé le game. Pas une mince affaire quand on sait qu'il y avait en face des titres comme Captain Tsubasa, City Hunter, Saint Seya ou encore Rokudenashi Blues. Une domination sans partage qu'a subi de plein fouet Takashi Shimada, l'un des plus grands talents du milieu.
En 1979, lui et son partenaire Yoshinori Nakai avaient en effet lancé le cultissime manga Kinnikuman (connu en France sous le titre Muscleman) qui, en l'espace de quelques chapitres seulement, était devenu le plus gros phénomène du moment. De quoi permettre au duo, à peine majeur à l'époque, de vivre sa meilleure vie, jusqu'à... l'arrivée d'Akira Toriyama.
Interrogé par Weekly Osakanichi2 sur l'arrêt soudain et inattendu du titre en 1987, Takashi Shimada a effectivement confessé que DBZ en était en grande partie responsable. "Au cours de notre sixième année, mes problèmes de dos chroniques se sont aggravés et il m'était devenu difficile d'écrire, a révélé l'auteur. Or, depuis mes débuts, mon éditeur de l'époque n'arrêtait pas de me répéter, 'Si vous faites une pause dans le Weekly Shonen Jump, vous ne pourrez jamais revenir'."
Malheureusement, après avoir un temps accepté de souffrir en silence, il lui avait finalement fallu se rendre à l'évidence et se reposer. "A cette époque, il y avait peu de divertissements comme les jeux et les enfants étaient vraiment à fond dans le manga. Kinnikuman était tellement populaire, a-t-il recontextualisé. En plus, avec Yoshinori Nakai, on travaillait sur un autre manga en parallèle. C'était inédit. Donc, en raison de tout ça, les éditeurs nous avaient dit, 'Vous pouvez faire une pause'."
Un soulagement pour Takashi Shimada qui en avait profité pour faire le plein d'idées, mais... un arrêt tristement fatidique pour le manga. Et pour cause, vous l'aurez deviné, Akira Toriyama avait sauté sur l'occasion pour conquérir le coeur du public. "Nous étions devant avant la pause et à notre retour, Dragon Ball avait pris la première place [dans le classement de popularité]", a soufflé l'artiste. Une frustration d'autant plus grande qu'Akira Toriyama aurait repris quelques éléments de Kinnikuman pour favoriser l'attachement des lecteurs.
"Avant que je m'en rende compte, des éléments de Kinnikuman se retrouvaient inclus dans Dragon Ball Z, comme le Tenkaichi Budokai ou la quantification de la puissance de combat, a révélé le mangaka. Comme pour Fist of the North Star (Ken, le survivant), Kinnikuman était visé. Et à la fin, on n'a pas réussi à gagner". Takashi Shimada l'a ensuite ajouté : "On m'avait toujours dit, 'Si vous n'êtes pas premiers, vous n'êtes pas dignes d'être un mangaka'."
Heureusement, s'il avait un temps songé à mettre fin à sa carrière, Takashi Shimada a en réalité toujours continué à créer. Et l'histoire s'est bien terminée puisque, en 2011, le magazine Shu Play News (édité par la Shueisha, comme le WSJ) a demandé au duo de relancer Kinnikuman. Un retour à succès qui se poursuit à ce jour et qui sera récompensé en juillet prochain par l'arrivée d'un anime produit par Production I.G (à qui l'on doit aussi Kaiju No. 8 en ce moment). Le twist ? Si le manga est méconnu chez nous, la série sera en revanche disponible sur Netflix !
De quoi parle Kinnikuman ? C'est l'histoire d'un super-héros un peu idiot qui découvre qu'il est le prince perdu de la planète Kinniku. Mais pour mériter de s'asseoir sur le trône, il doit prouver son mérite en affrontant de terribles adversaires lors de compétitions de lutte.