Ant-Man est à voir ce lundi 5 juin 2023 sur TMC. Le film est également dispo sur Disney+.
Il y a des films qui restent dans l'Histoire pour la qualité de leur scénario, l'avant-gardisme de leur mise en scène, l'implication folle d'un acteur. Puis il y a ceux qui traversent les années pour leurs couacs de tournage et leur production proche du cauchemar. C'est plutôt le cas de cette attachante production Marvel...
... Qui répond au doux nom d'Ant-Man. Car avant d'arriver dans les mains de Peyton Reed, cinéaste plus connu pour ses comédies que pour ses blockbusters, ce comic book movie où rayonne l'étincelant Paul Rudd (l'acteur que personne ne déteste) était le projet de coeur d'un cinéaste majeur. Et bien plus qu'un projet même : cela devait être SON film. Mais bien des éléments en ont voulu autrement...
On te dit tout sur l'histoire derrière l'homme fourmi.
Edgar Wright est acclamé depuis vingt ans pour ses films qui mélangent cinéma de genre (science fiction, film d'action, horreur, fantastique) et comédie survitaminée : Shaun of the Dead, Hot Fuzz, The World's End, Baby Driver, Last Night in Soho. Mais ce geek pur féru de comic books n'avait encore jamais fait de film de super-héros. Ant Man se présentait dès lors à lui comme une occasion en or. Et peut-être l'occasion de réaliser la meilleure oeuvre dans le genre depuis les Spider-Man de Sam Raimi, l'un de ses cinéastes fétiches...
Des mois durant, le réalisateur britannique s'est donc impliqué à fond dans le film. Il a même écrit un scénario original. Mais en mai 2014, quelques mois avant sa sortie, il a finalement abandonné le tournage. Pourquoi ? Car il se sentait trop bridé face aux directives pointilleuses de Marvel, et notamment, face aux ordres de Kevin Feige, le bigboss du "Marvel Cinematic Universe" : celui qui doit s'assurer que le patchwork que constituent les films Marvel est cohérent et bien ordonné au fil des franchises.
En deux mots, Edgar Wright a compris qu'en tant que cinéaste, il ne pourrait pas aller au bout de ses propres idées en toute liberté dans une machine aussi chapeautée, qui appartient à tout un univers de films. C'est peu dire si l'ambition de l'auteur - écrire un scénar qui lui ressemble au maximum - passera sous la trappe. Et que le réalisateur sera vivement incité à conserver le poste... Et bien, de réalisateur, et c'est tout. Dur pour un cinéaste qui écrit tous ses films. C'est ce que l'on appelle des "différents artistiques".
Et ces "différents" seront tels qu'Edgar Wright prendra vite la porte. Un bad buzz absolu pour Marvel, accusé par les internautes et journalistes d'envoyer valser les cinéastes les plus créatifs au profit de "yes men" : des "faiseurs" de films qui acceptent tout ce qu'ordonnent les producteurs et décisionnaires.
Cependant, comme souvent à Hollywood dès qu'un script est récupéré, les bases de son scénario resteront, et seront enrichies par Gabriel Ferrari, Andrew Barrer, Adam McKay et Paul Rudd. Non seulement les idées qui émaillent son scénario original, mais aussi... Ses storyboards, toujours très détaillés. Il y a donc encore un peu d'Edgar Wright dans cette grosse machine qu'est Ant-Man. Mais il faut bien chercher.
C'est finalement le moins rebelle Peyton Reed qui réalisera la chose. Pour Marvel, c'est un mal pour un bien : le film récoltera 519 millions de dollars dans le monde, un score honorable.
Sept ans plus tard, Edgar Wright ne se remémore pas ces événements avec grande nostalgie, tu t'en doutes. Mais il accepte de parler de la chose d'une manière plus apaisée. La preuve ? Quand il est devenu rédacteur en chef invité du mythique magazine de cinéma Empire en 2021, il a même demandé à Kevin Feige, cet homme qui ne l'a pas vraiment incité à s'épanouir, de lui tricoter un petit texte sur son amour du ciné.
Et on ne peut pas dire qu'Edgar Wright soit très rancunier : "Je n'avais plus reparlé à Kevin depuis 2014. Mais il n'y avait pas vraiment d'animosité entre nous, on est resté diplomates tout le temps. En préparant ce numéro, j'ai fait ce que je n'avais pas fait ces six dernières années : je lui ai envoyé un mail. Il a été très touché que je le contacte directement comme ça. Et j'ai trouvé que ce qu'il m'avait écrit était super. C'était bien, c'est une belle fin à toute cette histoire", a relaté le cinéaste à son ami Quentin Tarantino (sacrés potes oui).
Quant à l'homme fourmi, il est quant à lui revenu, dans une suite toujours réalisé par Peyton Reed, fidèle au poste.