On ne le répétera jamais assez : la transphobie tue. En mai dernier, l'association SOS Homophobie tirait la sonnette d'alarme en nous rappelant que le nombre d'agressions physiques LGBTIphobes signalées en France avait augmenté de 28 % (chiffre qui éclot des témoignages de 1 506 personnes concernées) et que les violences commises à l'encontre des personnes trans avaient quant à elles explosé dans le pays : 27 % de plus.
C'est considérable. Ces violences, elles sont physiques bien sûr, mais aussi psychologiques, sociales, médicales. Tout ce qui exclut et discrimine directement les personnes trans - un rapide coup d'oeil sur Twitter suffit d'ailleurs à comprendre à quel point celles-ci sont prises pour cible, aussi bien par certains camps politiques dans l'Hexagone que par les humoristes américains. Tout cela participe à une haine trop ordinaire.
Et qui fait beaucoup de mal aux personnes concernées. La preuve ? Une toute récente étude danoise nous apprend que les personnes transgenres ont 3,5 fois plus de risques de se suicider que le reste de la population. C'est accablant, mais hélas loin d'être si étonnant dans la société qu'est la nôtre.
Sobrement intitulée "Identité transgenre et tentatives de suicide/mortalité au Danemark", cette étude méticuleuse a puisé dans les données de 6 657 456 personnes nées au Danemark pour en déduire, observation des registres hospitaliers et administratifs à l'appui, que les personnes transgenres présentaient des taux "significativement plus élevés" de tentatives de suicide. Et ce... Sur pas moins de quatre décennies !
>> Quel est le réseau social le plus toxique pour les personnes LGBTQ ? (ça va t'étonner... ou pas !) <<
L'étude s'étend effectivement de 1980 à 2021 et a pris en compte les situations de 3 759 personnes identifiées comme transgenres, relevant à leur propos 92 tentatives de suicide, 12 suicides effectifs et 245 décès non liés au suicide survenus. Un taux considérable. Mais qui n'a rien d'hallucinant. Savais-tu ainsi qu'en 2014, une étude aux enjeux similaires avait été montée ? Ses résultats étaient déjà désastreux.
Cette vieille enquête relayée par Stop Homophobie nous apprenait effectivement que tentative de suicide et dépression constituent le quotidien de bien des trans. Sur 281 personnes interrogées, près de 85 % des personnes sondées affirmaient avoir déjà souffert d'un acte transphobe (insultes, agressions, violences psychologiques), suscitant pour 20% des répondants une tentative de suicide et, pour près de 60%, une dépression.
En près de dix ans, la cause trans s'est beaucoup plus médiatisée, c'est vrai. Mais elle nous renvoie toujours à des chiffres accablants. Il faut dire que la transphobie est partout : dans le milieu du sport, sur les réseaux sociaux, dans le cinéma - l'exemple d'Elliot Page en témoigne. Quand est-ce que ça va changer ?