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Pour François Ruffin, les débats sur la transidentité "fracturent la société" et ne sont pas du tout une priorité : ah bon ?
Publié le 2 juin 2023 à 16:50
Par Clément Arbrun | Journaliste société
Journaliste Société et Pop Culture, Clément s'intéresse autant aux punchlines de Virginie Despentes qu'aux perruques de Bilal Hassani et aux blagues de Panayotis Pascot. Il aiguise principalement sa plume en papotant féminismes, genre et fashion, ce qui lui permet de parler d'Harry Styles, des gens pas toujours fréquentables qui emploient le mot "woke" sur Twitter et des dernières prods Netflix.
Sur le plateau de franceinfo, François Ruffin a quelque peu bafouillé sur la question de "l'autodétermination" des personnes trans : le droit de changer de sexe, et de se définir librement par-delà le genre qu'on t'assigne à la naissance. Pas forcément "une priorité" selon l'homme politique... Qui a ensuite balancé un gros mea culpa.
Pour François Ruffin, les débats sur la transidentité "fracturent la société" et ne sont pas du tout une priorité : ah bon ?
Pour François Ruffin, les débats sur la transidentité "fracturent la société" et ne sont pas du tout une priorité : ah bon ?
Francois Ruffin - Fête de L'Humanité 2022 sur la Base 217 au Plessis-Pate, Bretigny-Sur-Orge le 09 Septembre 2022 Celui qui pourrait très bien prendre la succession de Jean-Luc Mélenchon à la prochaine présidentielle a été invité sur le plateau de franceinfo à donner son avis sur l'une des grandes mesures du parti de gauche espagnol Podemos : la "ley trans", une loi qui depuis février dernier permet aux personnes de seize ans et plus de changer librement de genre.
 
Francois Ruffin, député de la 1ère circonscription de la Somme lors de l'examen des motions de censure à l'Assemblée Nationale contre le projet de réforme des retraites le 20 mars 2023. © Stéphane Lemouton / Bestimage Mais faut-il faire la même chose en France ? "Pour moi, le coeur du sujet c'est le travail, le partage de la richesse, la démocratie [...] On a une société qui est profondément fracturée en France. Dans ce climat de tension, d'épuisement des esprits, qu'est-ce qu'il faut ? Il faut de l'apaisement, de la stabilité", a répondu le député, un brin évasif.  
François Ruffin - Les députés à la sortie de l'hémicycle, dans la salle des 4 colonnes à l'Assemblée Nationale à Paris, suite à l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution pour le vote de la réforme des retraites. Le 16 mars 2023 © Jonathan Rebboah / Panoramic / Bestimage François Ruffin explique que toutes ces questions ne sont pas vraiment prioritaires. Ce qui compte avant tout ? "Reconstruire des ponts et réparer les fractures, ne pas faire tout ce qui nous passe par la tête". Et peut être éviter, donc, des "lois trop clivantes" comme la loi trans... 
François Ruffin - Les députés à la sortie de l'hémicycle, dans la salle des 4 colonnes à l'Assemblée Nationale à Paris, suite à l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution pour le vote de la réforme des retraites. Le 16 mars 2023 © Jonathan Rebboah / Panoramic / Bestimage "Hier matin, dès ma sortie du plateau de France info, j'ai dit à mes collabs : 'Ma réponse sur le genre, ça va pas. J'aurais dû rappeler des évidences'", a ensuite expliqué le député sur Twitter. Un vrai mea culpa...
Francois Ruffin, député LFI de la 1ère circonscription de la Sommelors du débat sur le projet de loi relatif à la réforme du système de retraite, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 6 février 2023 © Stéphane Lemouton / Bestimage
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que François Ruffin n'est pas forcément intarissable sur la "question trans". C'est à dire ? Les droits des personnes transgenres, la lutte contre les violences dites transphobes, mais aussi "l'autodétermination de genre" : le fait de choisir librement son identité au-delà du genre que l'on s'est vu assigner à la naissance.

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Des questions auxquelles a pourtant du faire face le député de la Somme lors de la matinale de franceinfo le 1er juin dernier, face au journaliste Marc Fauvelle. Celui qui pourrait très bien prendre la succession de Jean-Luc Mélenchon à la prochaine présidentielle a effectivement été invité à donner son avis sur l'une des grandes mesures du parti de gauche espagnol Podemos : la "ley trans" justement. Soit une loi qui, depuis février dernier, permet aux personnes de seize ans et plus de changer librement de genre.

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Pour l'Espagne, c'est une loi simplement révolutionnaire. "Aujourd'hui, nous avons fait un pas de géant, c'est un jour historique", avait assuré suite au vote la ministre espagnole de l'égalité, Irene Montero. Mais faut-il faire la même chose en France ?

"Pour moi, le coeur du sujet, c'est le travail, le partage de la richesse, la démocratie [...] On a une société qui est profondément fracturée en France. Dans ce climat de tension, d'épuisement des esprits, qu'est-ce qu'il faut ? Il faut de l'apaisement, de la stabilité", a répondu le député, un brin évasif. Bon, en gros, une "ley trans" nationale, ce n'est peut être pas pour aujourd'hui...

La France a-t-elle quinze trains de retard ?

Face à Marc Fauvelle, François Ruffin explique encore que toutes ces questions ne sont pas vraiment prioritaires. Ce qui compte avant tout ? "Reconstruire des ponts et réparer les fractures, ne pas faire tout ce qui nous passe par la tête". Et peut être éviter, donc, des "lois trop clivantes" comme la loi trans... "Ce n'est pas ça qu'on doit placer au coeur de notre projet. Il faut avancer avec précaution, avec sagesse", abonde l'homme politique.

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Mais pourquoi ca dérange, ce genre de déclarations hyper modérées ?

Parce que cette hiérarchisation des "problèmes" que rencontre le pays n'est pas vraiment un discours de gauche. Le magazine référence de la presse LGBTQ Têtu s'en offusque d'ailleurs volontiers : "Cet argument des 'problèmes plus importants de la France' a toujours servi d'excuse aux conservateurs – ou aux dégonflés – pour justifier de ne pas ouvrir les dossiers dits 'de société'... La position de François Ruffin est une régression".

Autre chose : on se dit en écoutant ce discours que la France a quelques trains de retard en terme de prise en compte des droits des personnes trans. On peine carrément à entendre ce mot dans les discours politiques, quel que soit le camp... Alors que nos voisins érigent cela en véritable priorité nationale. Gros malaise, alors que le dernier rapport de l'association SOS Homophobie nous apprend que les violences transphobes auraient augmenté en France... de 27 %. Et que dans notre pays s'observerait une "explosion de la transphobie".

"Mais pour ces élus, les réformes permettant de faire avancer les droits des personnes LGBTQI+, ce sera pour quand on aura réglé le chômage, la guerre en Ukraine, les retraites, le réchauffement climatique... Bref, ce n'est jamais le bon moment", déplore encore Têtu, qui rappelle d'ailleurs qu'en 2022, tous les programmes de gauche promettaient pourtant... la simplification du changement d'état civil pour les personnes trans. Mais ce malaise n'a pas échappé à François Ruffin.

"Ca va pas !"

"Hier matin, dès ma sortie du plateau de France info, j'ai dit à mes collabs : 'Ma réponse sur le genre, ça va pas. J'aurais dû rappeler des évidences'. L'évidence, c'est de parler des vies blessées par les humiliations. L'évidence, c'est de garantir l'égalité d'accès à l'école, à l'emploi, au logement. Du Pacs au mariage pour tous, la société française a progressé sur les droits des personnes LGBT+", a expliqué le député sur Twitter.

Un vaste mea culpa pour l'homme politique donc. Avec une bonne dose d'humilité qui ne fait pas de mal. Et François Ruffin de conclure : "La société est mûre pour combler les manques. Je le pense, sincèrement : les gens de notre pays aspirent à une vie digne et apaisée. Cet idéal n'exclut personne, sinon, il n'en est plus un".

Il faut dire que le député et réalisateur Insoumis avait été des plus critiqués après ses mots. Sa consoeur Sophia Chikirou l'avait notamment taclé sur Twitter : "Ce n'est en rien une position de la France insoumise ni du groupe parlementaire. Ce propos, en ce jour, est au mieux maladroit, au pire une faute politique".

Une faute largement admise, donc.

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