En Malaisie, abstenez-vous d'être gay. Ou de porter une montre qui le suggère. Précisément, arborer une montre de la fameuse marque Swatch aux couleurs du drapeau LGBTQ - le fameux drapeau "arc en ciel" - pourrait vous valoir... Une peine de prison de trois ans ferme. Et 3.800 euros d'amende. Oui oui, sans rire.
De quoi étonner le célèbre fabricant suisse. C'est en tout cas ce qu'a déclaré le 10 août dernier le ministère de l'Intérieur malaisien, condamnant aussi bien les vendeurs, que les acheteurs. Même les fabricants sont menacés par cette nouvelle décision. Comme l'observe le magazine des cultures LGBTQ Têtu, "rien n'arrête les homophobes, et certainement pas le ridicule". La revue voit là une véritable homophobie d'Etat.
CQFD.
C'est un fait : pour le gouvernement malaisien, l'homosexualité "porte atteinte à la morale". Tant et si bien que lorsque l'on ne peut pas s'en prendre aux personnes concernées, on s'en prend à leurs montres. Comme le note Têtu, les autorités locales ont ainsi procédé en mai dernier à des perquisitions au sein des nombreuses boutiques Swatch du pays afin de prendre possession... De 172 montres présentant les couleurs de l'arc en ciel.
En Malaisie, l'homosexualité est illégale et les personnes LGBT sont traitées comme des criminels. Aucune loi n'empêche leur discrimination. Poursuites, emprisonnement et châtiments corporels menacent les homosexuels, les lesbiennes, les transgenres. En février dernier d'ailleurs, trois livres jeunesse se voyaient purement et simplement interdits par le gouvernement, accusés de "faire la promotion des modes de vie LGBTQ".
Plus récemment encore, l'excellent groupe de rock The 1975 avait dû écourter l'un de ses concerts en Malaisie. La raison ? Un baiser échangé entre le chanteur Matty Healy et le bassiste Ross MacDonald.
Quand les discriminations concernent une population marginalisée, elles s'étendent souvent bien au-delà. C'est ainsi le même pays qui l'an dernier voyait sa vice-ministre des femmes et de la famille, Siti Zailah Mohd Yusoff , banaliser les violences faites aux femmes en recommandant aux maris de battre "doucement" leurs épouses "têtues" pour les "discipliner", sans oublier de "leur demander la permission" pour parler.
Tout un programme !