Vous n'avez toujours pas digéré l'élimination précoce de l'Equipe de France à l'Euro 2020 ? Il va pourtant falloir déjà tourner la page. Et pour cause, c'est ce mercredi 1er septembre 2021 que les Bleus feront leur rentrée face à la Bosnie-Herzégovine avec le retour des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2022.
Et à cette occasion, on pourrait bien assister à un tremblement de terre. Homme fort de Didier Deschamps pendant des années, Olivier Giroud pourrait en effet être mis à la retraite internationale par le sélectionneur. Au détour d'une interview accordée à L'Equipe, ce dernier n'a pas caché être toujours en colère contre le nouveau joueur du Milan AC.
En cause ? Sa petite sortie après le match France-Bulgarie, qui n'avait pas plu à Kylian Mbappé. "Ça, il le sait, je le lui ai dit : il n'avait pas à dire ça, c'est une certitude, a pointé du doigt Deschamps. Cela a généré de petites tensions sur deux, trois jours mais c'était lors de la préparation." Et visiblement, l'entraineur a la rancune tenace, même deux mois plus tard, au point de lui envoyer ensuite quelques tacles sortis de nul part.
Alors que L'Equipe mettait en avant son match convaincant face à la Bulgarie avant l'Euro, Deschamps a dans un premier temps balayé sa performance d'un revers de main, "Il joue une mi-temps et il marque deux buts à la fin, voilà. La réalité est qu'il a plus joué là que les trois derniers mois avec son club". Puis, il étonnamment laissé entendre qu'il ne comptait plus sur lui à l'avenir, alors même que Giroud vise encore le record de buts de Thierry Henry et que son arrivée au Milan AC devrait lui redonner du temps de jeu, "Je sais très bien ce qu'il a fait, et très bien fait, mais prenez l'exemple de Mamadou Sakho, je lui serai toujours reconnaissant de ce qu'il a réalisé, mais c'était en novembre 2013. Olivier et quelques autres, c'était en 2018, mais aujourd'hui on est en 2021 et je ne suis pas là pour donner des assurances à qui que ce soit. (...) Il y a toujours des pages qui se tournent, oui, à moins que les joueurs la tournent eux-mêmes, mais c'est rare. Après les compétitions, il y a des relais à prendre."
Le plus surprenant dans cette interview, c'est qu'Olivier Giroud - pourtant remplaçant durant l'Euro 2020, est le seul à être mis en cause par Deschamps pour cette débâcle durant la compétition. Ainsi, quand L'Equipe rappelle l'épisode où Coman a refusé de sortir face à la Suisse, le sélectionneur choisit de prendre sa défense, "Kingsley a un historique en équipe de France souvent contrarié par les blessures. (...) Là, il joue et, en plus, il vient de permettre à l'équipe de France de passer d'une situation où elle est menée à une autre où elle mène 3-1. Alors, il a envie de continuer en dépit de son problème musculaire."
Selon lui, il s'agissait d'une réaction normale et loin d'être pénalisante, "C'est humain. J'ai eu une discussion avec lui. (...) Mais je comprends tout ça. Il ne veut pas lâcher. Ce ne sont pas de mauvaises intentions de sa part. Sur le moment, on est dans l'action."
De même, face au refus de Paul Pogba d'exécuter ses consignes plus défensives lors du même match, ce qui a coûté un déséquilibre et fatalement amené l'égalisation de la Suisse, Deschamps estime que ça n'est pas aussi grave que la sortie de Giroud, "C'est juste que Paul est un compétiteur. Entre le fait de vouloir jouer, ou de moins jouer, ou de penser à plus défendre ou à moins défendre, on n'a pas eu cette capacité à ce moment-là de dire : "stop ! on ferme." Par contre, aucun mot sur ses clashs sur le terrain avec Benjamin Pavard et Adrien Rabiot...
Un sentiment de deux poids, deux mesures étonnants, qui se retrouve également sur ses avis envers Karim Benzema et Kylian Mbappé. Ainsi, même s'il estime que l'attaquant du Real Madrid n'avait pas à tirer le penalty face au Portugal [c'était le rôle d'Antoine Griezmann], "Sur celui qu'il a tiré, non [il ne le devait pas], il a pris la responsabilité", le sélectionneur préfère ne pas s'attarder sur ce détail - alors même qu'il y aurait pourtant eu des tensions entre les deux joueurs, "Mais il n'y a pas de souci. (...) Tout ce qu'il devait faire, il l'a très bien fait."
Enfin, au sujet de Kylian Mbappé qui s'est montré extrêmement décevant durant l'Euro, Didier Deschamps a là encore tenu à relativiser, "Il avait la détermination et les très bonnes intentions qu'il fallait. Mais il n'a pas eu l'efficacité souhaitée, et qu'il souhaitait lui-même, même s'il a été impliqué sur cinq de nos sept buts". Pire, il a même avoué que le joueur du PSG possède un statut à part au sein de l'Equipe de France, ce qui l'empêche de le gérer comme les autres, "Après, sur le débat de le sortir ou non en cours de match, c'est toujours le dilemme avec un joueur comme lui : on parle d'un joueur capable de faire la différence à tout moment, même quand il est moins bien. Comme en Croatie, où il n'est pas au mieux de sa forme, mais qu'il nous fait gagner."
Alors que l'on espérait que les vacances d'été seraient bénéfiques pour calmer les égos, la mauvaise ambiance dans le vestiaire des Bleus et faire un état des lieux honnête, cette interview de Deschamps nous laisse finalement craindre que tout repartira comme à l'Euro...