Pendant que, l'année dernière, les États-Unis faisaient marche arrière en votant la loi la plus répressive sur l'avortement, interdisant la quasi-totalité des interruptions volontaires de grossesse, même en cas d'inceste ou de viol, la France rattrape quant à elle son retard, 45 ans après la loi légalisant l'avortement portée par Simone Veil. Ce jeudi 8 octobre 2020, les députés de l'Assemblée Nationale ont voté l'allongement du délai légal du recours à l'IVG de 12 à 14 semaines de grossesse et ce, malgré l'avis du gouvernement.
Le ministre de la santé Olivier Véran mettait en exergue un "thème sensible" et appelait les parlementaires à attendre l'avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) "pour faire un travail complet abouti". Malgré cela, le projet de loi porté par Albane Guillot, députée du groupe EDS (Écologie démocratie solidarité) et ex-LREM, a obtenu le soutien de la majorité et a été adopté par 102 voix pour, contre 65 voix contre. "Les femmes les plus précaires font des IVG plus tardivement, à cause d'un manque d'accès à l'information et de grandes disparités territoriales", expliquait Albane Guillot à 20 minutes.
Selon elle, entre 3 000 et 5 000 femmes "hors délai" se feraient chaque année avorter à l'étranger, et notamment en Espagne, où l'IVG est autorisée jusqu'à 14 semaines, ou aux Pays-Bas (22 semaines). Une mesure préconisée par la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée. De plus, la proposition de loi autorise les sages-femmes à réaliser des IVG chirurgicales jusqu'à la 10e semaine de grossesse, demandant ainsi la suppression de la clause de conscience des médecins. Albane Guillot espère ainsi "faire de la France un des pays les plus progressistes en la matière", comme elle l'a confié à France Info.