Que c'est bon de se tromper ! Lorsque j'ai découvert la première bande-annonce de la série Le Problème à 3 corps, il y a 9 mois, je me souviens très bien ce qui m'est passé par la tête : "laisse tomber, c'est pas tes délires". Voici sensiblement comment je voyais ce projet : un mélange entre passé, présent et futur, des costumes d'on ne sait trop quelle époque, un côté science-fiction qui semble s'adresser uniquement aux connaisseurs ++ voire carrément aux spécialistes... 1mn30 de contenu incompréhensible.
Très vite, j'ai appris que la série était en fait l'adaptation d'un roman de Liu Cixin, que je ne connaissais pas du tout, je l'avoue sans problème, mais que le monde entier semblait avoir lu 37 fois. De quoi donner encore plus à la série un côté "réservé aux spécialistes". Ce que je ne suis pas.
C'était donc à peu près clair dans ma tête. Même si Le Problème à 3 corps était vendue comme la nouvelle série des créateurs de Game of Thrones et donc un truc qui fera beaucoup parler, je passerai mon tour.
Oui mais voilà, j'ai eu la surprise de recevoir les épisodes en avance sur mon compte journaliste. Un cadeau qui ferait baver beaucoup de monde mais qui a simplement déclenché chez moi un "ah...". Malgré mon a priori très négatif, j'ai quand même tenté le coup. J'ai bien fait puisque j'ai découvert ce qui est mon plus gros coup de coeur de 2024.
Amateur de science-fiction mais loin d'être un expert et consommateur hardcore, j'ai tout de suite plongé dans l'univers de David Benioff, D. B. Weiss et Alexander Woo. Et ce, dès le premier épisode dont la violence peut surprendre mais qui ne donne pas pour autant le ton global de la saison.
C'est probablement ce grand mélange permanent qui fait d'ailleurs la réussite de la série. On passe de la SF au thriller, on bascule dans le drame, on sourit. Le Problème à 3 corps nous promène dans tous les sens, nous fait passer d'un style à un autre, se promène dans plusieurs temporalités, se focus sur un personnage avant de basculer vers un autre sans en délaisser aucun. L'esprit Game of Thrones n'est pas si loin, mais également celui de Black Mirror, tout en y ajoutant une touche de bande de potes geeks et un petit bout du docu sur Rael. Oui, oui. Un mix qui parait bordélique sur le papier mais qui embarque tout le monde et qui parvient à rester accessible. Un exploit.
Le casting y est lui aussi pour beaucoup. Ici, pas de noms qui claquent et qui bouffent la moitié du budget à eux seuls mais plusieurs visages bien connus comme Benedict Wong, Eiza González, John Bradley-West et Liam Cunningham de GoT. D'autres, moins connus du grand public, vont vite être sur toutes les lèvres comme Jess Hong, Jovan Adepo, Alex Sharp, Zine Tseng, Rosalind Chao ou encore Marlo Kelly.
Mais au fait de quoi parle Le Problème à 3 corps ? Tenter de résumer la série, ou ne serait-ce que la teaser sans balancer un spoiler est mission impossible. Chaque détail a son importance, chaque personnage aussi. Si je n'avais pas capté grand-chose devant la bande-annonce, je la comprends désormais beaucoup mieux. Et je comprends aussi et surtout le casse-tête des équipes pour nous donner un aperçu de cet univers. Le Problème à 3 corps ne se résume pas. C'est une de ces séries qui se savourent, sur laquelle on peut échanger et se questionner avec ceux qui l'ont vue.
Un synopsis existe pourtant, mais il n'apporte pas forcément autant que ce qui vous attend : Dans la Chine des années 60, une jeune femme prend une décision dont les répercussions à travers le temps et l'espace vont affecter le monde d'aujourd'hui. Lorsque les lois de la nature se délitent inexplicablement sous les yeux d'un groupe soudé de brillants scientifiques, ils unissent leurs forces à celles d'un inspecteur peu orthodoxe pour affronter la plus grande menace de l'histoire de l'humanité.
Si la série a réussi à me captiver, au point d'avoir prévu de me la remater avec ma copine dès que possible pour pouvoir échanger avec elle, plaira-t-elle aux fans du livre ? Impossible de me prononcer à leur place. Les créateurs se veulent tout de même rassurants sur cette question. "On a énormément d'attachement et de respect pour les livres", assure David Benioff dans le dossier de presse. "On ne peut pas consacrer chaque moment de sa vie pendant des années à adapter une oeuvre qu'on n'aime pas viscéralement. On veut rendre justice aux romans et créer une série qui procure aux spectateurs les émotions qu'on a ressenties en lisant les livres. Et le meilleur moyen pour y parvenir ne consiste pas à transposer à l'écran toutes les pages des livres de manière schématique, dans leur ordre d'apparition. C'est au contraire la recette pour créer quelque chose qui, dans la plupart des cas, ne fonctionne pas. Il est donc très important pour nous que la série existe par elle-même et plaise à ceux qui ont lu les livres comme à ceux qui ne les ont pas lus".
Un avis très proche de celui de D.B. Weiss : "On aime les mêmes choses dans les livres que les autres fans - peu de gens peuvent se prétendre plus grands fans des livres que nous. On fait tout ce qui est en notre pouvoir pour porter cette histoire à l'écran de la manière la plus respectueuse et percutante possible. Mais il ne sera pas nécessaire d'avoir lu les livres pour comprendre ou apprécier pleinement la série".
Sur ce point, je ne peux que valider. Je n'ai aucun doute sur le carton que la série devrait s'offrir auprès du grand public. Aussi bien les amateurs non experts de SF que ceux qui passent d'habitude leur chemin. Un public a priori bien plus nombreux que les fans hardcores de science-fiction. Le Problème à 3 corps sent le gros hit à plein nez et pourrait bien devenir le digne successeur de Stranger Things. En espérant qu'une saison 2 suive rapidement et soit au niveau.