Si pour vous Robert Pattinson se résume encore à la trilogie Twilight, bonne nouvelle, vous avez seulement dix ans de retard. Car l'ex-vampire tisse depuis des années l'une des carrières les plus exigeantes d'Hollywood. Les plus grands cinéastes ne sont pas restés insensibles au talent du Britannique. De la scène indé US avec les frères Safdie (Good Time) au cinéma d'horreur avant-gardiste (The Lobster) en passant par Christopher Nolan (Tenet), le plus auteuriste des faiseurs de blockbusters outre-atlantique. Pattinson excelle dans tous ces films (même si tous ne sont pas toujours très bons...)
Mais il y en a encore un qui manque à cette liste non exhaustive : sa rencontre avec un Canadien, l'un des cinéastes les plus visionnaires, brillants, et sacrément tordus, du cinéma de genre... Et c'est justement ce film-ci que Francetv vous propose de rattraper sur leur site. On vous explique pourquoi foncer.
Le film en question, c'est Cosmopolis, à ne surtout pas confondre avec le tout aussi foutraque Megalopolis de Francis Ford Coppola - le projet d'une vie à découvrir dès à présent en salles. Celui-ci est signé par David Cronenberg, le pape du "body horror", sous genre du ciné horrifique mettant l'accent sur les dégénérescences physiques, les excroissances malvenues, le gore, l'effroi le plus organique et purulent. Tout un programme incarné dans des films comme La mouche, Vidéodrome, eXistenZ, Scanners...
Critique et public se sont donc figés en 2012, en apprenant que ce réalisateur connu pour ses récits morbides et tentaculaires, dégueux et trash, désirait diriger la star de Twilight. Cela n'avait rien d'évident vu comme ça. Mais les mauvaises langues avaient tort : Car Cosmopolis est la démonstration du talent fou de Robert Pattinson.
Ce film très bavard nous immerge dans un New York en pleine crise économique, plongé dans le chaos. Cette atmosphère un brin apocalyptique ne se perçoit qu'à travers le regard forcément très subjectif d'un golden boy cynique traversant la Grosse Pomme au sein de sa longue, high tech et surprotégée limousine blanche...
Dit comme ça, le film semble abstrait. Spoiler : il l'est totalement. L'histoire de ce récit se déploie au gré des dialogues et des évocations, dans un langage très cryptique, parfois à la limite de l'incompréhension. Dans la peau de ce jeune aux dents longues, le Britannique est méconnaissable. Dépourvu d'émotion, le visage figé, glacial, il témoigne du décalage entre son personnage et le monde tout autour, en ébullition.
Dans un Manhattan à la circulation paralysée, notre protagoniste, Eric Packer, n'a qu'un seul objectif : rejoindre son coiffeur à l'autre bout de la ville pour avoir droit à sa coupe. Mais en dire plus serait sacrilège : aussi crispant que brillant, agaçant et inintelligible que limpide et réjouissant, Cosmopolis est une expérience, et un film qui se mérite. Pattinson y évolue comme s'il jouait dans une pièce de théâtre expérimentale.
Seuls quelques imprévus et chocs viendront bousculer Packer, cintré dans son costume, au gré de rencontres systématiques et parfois improbables. Comme si Robert Pattinson était au courant de certains reproches que les plumes acerbes pouvaient lui faire, concernant sa froideur, son expressivité, son laconisme, sa beauté aussi, il en joue plus que jamais, s'en amuse, transforme tout cela en art. Histoire de tourner la page, peut-être ?
Ce n'est en tout cas pas tous les jours que l'on peut se permettre une journée entière en limousine aux côtés de Robert Pattinson... C'est gratuit et c'est disponible sur FranceTV.