Jojo Rabbit, c'est l'histoire du jeune autrichien Jojo (Roman Griffin Davis), un gamin d'une dizaine d'années, qui, en pleine Seconde Guerre Mondiale, s'invente un ami imaginaire inspiré par son idole du moment : Adolf Hitler. Désireux d'être un champion des jeunesses hitlériennes, ses convictions vont basculer le jour où il va croiser la route d'une jeune juive que cache sa mère (Scarlett Johansson).
Jojo Rabbit est drôle, touchant, sensible malgré son sujet casse gueule et témoigne une fois de plus du talent de son réalisateur-scénariste-acteur. Jojo Rabbit vient de gagner le BAFTA Award du meilleur scénario adapté et bénéficie de 6 nominations aux Oscars.
Tu as déclaré que Scarlett Johansson était LA star de la dernière décennie ?
Oui et je confirme. Elle tourne dans des films depuis qu'elle est enfant. Ces dix dernières années, non seulement elle a incarné Black Widow pour Marvel mais on l'a vue dans des films aussi marquants que Marriage Story, Under The Skin et bien sûr Jojo Rabbit (rires). J'aime les acteurs qui continuent de surprendre par leur jeu et leurs choix. Scarlett est de ceux-là. J'adorerais la voir dans des comédies plus indés. Elle manie tellement bien le sarcasme et l'ironie. Quand tu réalises un film, tu t'inquiètes souvent pour tes acteurs. Pas avec Scarlett. Elle a tellement confiance en son jeu qu'elle devient un partenaire créatif plus qu'une simple actrice.
Avais-tu un ami imaginaire enfant comme le personnage principal de Jojo Rabbit ?
Non, j'avais trop d'amis réels pour en avoir un. Mais si j'en avais eu un, cela aurait sûrement été une autre version de moi-même.
Pourquoi ? Pas un de tes héros ?
Avais-je des héros ? Je ne sais pas... J'aimais les musiciens surtout. Comme Bob Marley. Énormément. Michael Jackson était important pour nous. Cyndi Lauper était mon gros crush. L'un des premiers disques que j'ai acheté était celui des Bangles.
As-tu toujours envisagé de jouer Hitler ?
Non. Cela n'a jamais été mon envie. Au départ, je voulais juste écrire le scénario, puis voir si on pouvait faire produire ce film. C'était en 2011. J'ai ensuite été distrait par 3 autres films, puis j'y suis revenu et c'est là que la Fox m'a proposé de réaliser Jojo Rabbit. Mais à une seule condition, que je joue Hitler. Parce qu'il était écrit d'une manière particulière. J'étais d'accord, un autre acteur dans le rôle n'aurait pas été pareil. J'entendais la voix d'Hitler en écrivant le script. J'étais au coeur de ce projet et j'avais une idée précise de ce que dont le film avait besoin. Un autre acteur en aurait sûrement trop fait. Il aurait apporté plus de réalité au personnage ce qui aurait gâché le film. Jouer Hitler n'est pas difficile. Le Hitler imaginé par Jojo est vraiment un crétin. Il ne fallait surtout pas chercher à singer le vrai.
Comment as-tu réagi la première fois que tu t'es vu en costume et moustache et que tu as dû répéter tes dialogues ?
La première fois que je me suis vu dans le miroir, c'était juste gênant.. J'aime d'ordinaire être bien sapé quand je suis sur un tournage. Là c'était affreux. J'ai toujours l'air d'un idiot. Sur les photos des making-of des films, les réalisateurs ont l'air vraiment cool et stylés. Ce coup-ci, il n'y avait rien de stylé. Mais je n'ai pas vraiment répéter mes dialogues. Comme je réalisais, j'avais tellement de travail que j'ai pas eu le temps de m'exercer avec ce personnage. Je l'ai réinventé au fur et à mesure. On tournait plusieurs scènes à chaque fois. Parfois avec moi dedans en fond, parmi sans.
Tu gardais la moustache ?
Non. Je l'enlevais. C'était une fausse moustache. Mais j'avais la coupe droite, les cheveux défrisés et collés. Puis les habits avec ces grands pantalons allemands et ces bottes hautes. Tout cet attirail est très vite devenu épuisant à porter.
Craignais-tu que le film soit plus controversé qu'il ne l'a été ?
Non. Pas vraiment... Ma seule crainte était que quelqu'un le prenne mal. Ce n'est pas pour cela que je fais des films. Ce n'est pas moi. Je ne voulais brusquer personne à moins qu'ils ne soient nazis. Les réactions ont été incroyables. La Shoah Fundation veut l'inclure dans son programme éducatif. Des enfants de survivants d'Auschwitz m'ont dit que leurs parents auraient adoré le film. L'accueil a été assez incroyable. Les gens comprennent le but de ce film. C'est un film sur l'amour, l'espoir et l'éradication de la haine et de l'intolérance. Une fois que les spectateurs ont compris qu'on le faisait d'une manière où l'on pouvait rire de la folie des hommes. On ne se moque pas des horreurs qu'ils font les uns aux autres mais de ces groupes qui en sont responsables afin de leur enlever leur pouvoir grâce à l'humour. Une fois tu as compris cela, tu comprends que Jojo Rabbit est un film plein de coeur.
Jojo Rabbit, actuellement au cinéma.