De Scream à American Pie en passant par SuperGrave, les campus movie sont légion outre-atlantique. Mais en France ? Il aura fallu attendre que Kim Chapiron, talentueux réalisateur découvert dans le collectif Kourtrajmé, s'intéresse au milieu universitaire. Avec Noé Debré, jeune scénariste de 25 ans et Benjamin Elalouf, le producteur, le trio retravaille le synopsis Business School écrit par le premier dans le but "de traduire le style campus movie en version française", confie Kim Chapiron. Alors dans La Crème de la crème, on parle marché, concurrence, économie, demande, prix, crise, relance et client... mais sans jamais s'ennuyer.
Le film est une vraie comédie sur la génération Y, ou "génération YouPorn" que le réalisateur a d'abord pris le temps de découvrir dans la vraie vie : "Je me suis présenté comme un réalisateur scénariste voulant raconter une histoire sur le milieu des étudiants en école de commerce. J'avais mon calepin, je prenais des notes, je posais des questions aux étudiants dans les cours, dans les fêtes... La réalité est un endroit incroyable pour sortir des éléments de film. L'école de commerce est un vrai décor de cinéma et les étudiants en commerce sont des vrais héros de cinéma."
Une fois de plus, Kim Chapiron a le don de mettre en lumière la nouvelle génération d'acteurs à suivre. Lui qui avait offert son premier rôle à Leïla Bekhti dans Sheitan a choisi cette fois Alice Isaaz, Jean-Baptiste Lafarge et Thomas Blumenthal, tous trois rôdés au théâtre. Et quel bon choix ! Si la complicité de Dan, Kelliah et Louis fait des étincelles à l'écran, la bonne humeur est la même lorsqu'on les rencontre en interview. Pour détendre l'atmosphère et "fabriquer les personnages" avant le tournage, ils ont suivi la méthode Chapiron : ateliers d'improvisations, jeux de rôles et exercices de danse... "sur de la techno ! J'adore voir mes acteurs danser sur de la techno !", plaisante le réalisateur.
Acteurs, scénaristes mais aussi producteurs : la moyenne d'âge de l'équipe de La Crème de la crème ne dépassait pas les 30 ans. "Quand on arrivait sur le plateau le matin, c'était facile. Pour tourner une comédie c'est important d'avoir une atmosphère de plateau où on se sent bien. Toute cette génération faisait que c'était possible", confie d'ailleurs Jean-Baptiste Lafarge. Et Kim Chapiron d'ajouter : "Le film traite de l'adolescence et du passage à l'âge adulte, alors d'avoir un scénariste et un producteur quasiment du même âge que les personnages principaux, c'est du luxe. On a une véritable honnêteté qui se dégage du scénario, idem pour la production. Le producteur est allé faire un partenariat avec Tinder. Alors pour un film qui traite d'amour et de chiffres, je trouve ça génial". Thomas Blumenthal l'a testé et approuvé : "Ca matche grave tous les jours pour moi sur Tinder !"
Qui dit étudiants en école de commerce dit soirées. Les folles nuits des personnages font partie intégrante du film. Alors forcément la bande-son se devait de suivre le rythme. Composée par Ibrahim Maalouf -récompensé d'une Victoire de la musique 2014-, la bande-originale intègre des morceaux de Sébastien Tellier, We Ever Green, The Shoes ou Tout simplement Noir et leur mythique A propos des Tass. La playlist de La Crème de la crème est en écoute sur Spotify. Dans le film, le duo électro Justice ou encore Mouloud Achour jouent les DJs des soirées étudiantes. Et rien que pour les voir passer du Michel Sardou ou du Carla Bruni, impossible de rater La Crème de la crème.