Présenté lors du 77ème Festival de Cannes, Santosh raconte l'histoire d'une femme indienne récemment devenue veuve qui hérite du travail de son mari, un policier tué en service. Un concept qui a de quoi surprendre, mais qui est en réalité lié à une véritable loi indienne dite "nomination compassionnelle", qui permet aux personnes liées à des agents de police décédés d'hériter de leurs emplois.
Rapidement, et malgré son manque d'expérience, cette ancienne femme au foyer devient donc policière et se retrouve à mener l'enquête sur le meurtre d'une jeune fille issue d'une classe pauvre et inférieure. L'inspectrice Sharma va lui venir en aide et lui montrer les ficelles du métier.
A travers cette histoire, Sandhya Suri - une réalisatrice habituée aux documentaires, décrit à merveille et avec précision la société indienne, très souvent corrompue, misogyne et sexiste. Elle tenait à être au plus près de la réalité afin d'être crédible aux yeux des principaux concernés. "C'est un film qui devait sembler réel pour un public indien, et pas seulement un film tourné vers l'Occident", expliquait la cinéaste auprès de l'AFP lors du Festival de Cannes 2024.
Ne pouvant pas réaliser de documentaire sur la police et ne souhaitant pas paraître comme une cinéaste militante en prenant pour seul point de vue celui des ONG, Sandhya Suri a donc opté pour un récit. Cela lui permet de dénoncer plus librement la réalité de son pays et de la société, mais également la normalisation des violences faites aux femmes en Inde. L'actrice Shahana Goswami, qui joue le rôle éponyme, considère d'ailleurs Santosh comme "un miroir sur le monde qui nous entoure en Inde sans pointer du doigt".
Un parti pris risqué pour Sandhya Suri, mais qui s'est finalement révélé payant. En plus de son passage à Cannes, lui conférant une belle étiquette, le film fait aujourd'hui l'unanimité du côté de la presse. Sur Rotten Tomatoes, Santosh est en effet dotée d'une note moyenne de 100% et des très bonnes critiques.
"Santosh est un antidote rafraîchissant à la crasse et vulgarité habituelle des oeuvres policières Bollywoodiennes, écrit notamment ScreenAnarchy. Il impacte et éduque de façon précieuse le public, qu'il soit indien ou de l'Ouest". De son côté, The Wrap estime que "sans jamais trop en faire, ce film s'assure que le moindre acte de résistance et de compassion nous percute comme un train". Enfin, pour IndieWire, Santosh est "une leçon en matière de subtilité."