Connaissez-vous le pronom "iel" ?
Ce pronom de genre, contraction de "il" et "elle", est employé par les personnes non-binaires. La non-binarité, c'est le fait de refuser d'être catégorisé comme "homme" ou "femme", rompre avec la binarité des genres, et contester les stéréotypes de genre qui vont avec.
Bien des individus, notamment issues des jeunes générations, se revendiquent ainsi. Des stars planétaires, également : Bella Ramsey, la révélation hallucinante de The Last of Us, mais aussi Emma Corrin (Lady Di dans The Crown), Elliot Page, Sam Smith... Pour ne citer que ça !
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Dans la langue de Shakespeare, "iel" a son équivalent : "they". Et c'est le pronom qu'a justement affirmé employer Lily Gladstone. Gladstone, c'est LA star de Killers of the Flower Moon, la dernière fresque historique du grand Martin Scorsese. Une actrice amérindienne qui parvient à écraser Leonardo DiCaprio trois heures durant et devrait même remporter un Oscar d'ici quelques semaines. Et qui, donc, emploie "iel".
Pour Lily Gladstone d'ailleurs, tout le monde devrait employer le pronom de genre "iel". Mais pourquoi ? En fait, les raisons sont très spécifiques, et super intéressantes... On t'explique tout.
Pourquoi employer le pronom "they" ? Lily Gladstone l'a expliquée à People : pour des raisons culturelles. L'actrice américaine a des origines autochtones. Ses racines renvoient directement à la réserve des Nimíipuu et des Pikunis. D'où l'authenticité de sa performance dans le film de Martin Scorsese.
Or, détaille-t-elle, au sein de ces tribus, on emploie rarement "il" ou "elle", voire pas du tout. Les pronoms de genre valorisant la binarité (c'est-à-dire, homme, ou femme) sont exclus des us et coutumes. Elle l'énonce : "Dans la plupart des langues autochtones, il n'y a pas de pronoms de genre. Il n'y a pas de lui, il n'y a qu'eux !". C'est pour cela que l'usage du "he" et du "she" lui semble plutôt absurde. Et étrangement, non conventionnel !
Mais ce n'est pas tout. Employer "iel", c'est respecter ses racines, mais aussi affirmer sa singularité. Et répondre à une forme de domination occidentale qui est venue imposer ses codes et son langage. On l'écoute : "Mon utilisation de pronoms de genre est en partie un moyen de décoloniser le genre !".
En somme, pour elle, comme le résume très bien Entertainment Weekly, assumer l'usage du pronom "iel", c'est mettre en oeuvre une manière de résister aux structures coloniales. De revendiquer son identité. En fait, cet usage des mots est intime, mais aussi profondément politique. C'est le cas des personnes non binaires en général. Employer "iel" dans une société patriarcale qui catégorise les individus en deux, ce n'est pas facile.
La non-binarité, ou le refus de la binarité des genres, est trop incomprise, elle fait l'objet de malentendus, de railleries, voire d'insultes en ligne, et de harcèlement pur et dur. Alors qu'elle exige simplement un minimum d'écoute et de compréhension face à la minorité qui s'en revendique. En tout cas, pour Lily Gladstone, "tout le monde", devrait, ou pourrait, user de tels pronoms. Histoire de s'émanciper un peu plus. Et pourquoi pas ?