L'auteur le plus populaire de France est une autrice.
Les chiffres de ventes des librairies de 2023 viennent de tomber et le verdict est sans appel : le roi Guillaume Musso est détrôné. Le nom du numéro 1 ? Mélissa Da Costa, désormais reconnue comme la romancière la plus lue en France, avec plus de 1,1 million de livres vendus en un an. Ses chiffres de ventes dépassent même ceux des maîtres des best-sellers comme Musso donc, avec "que" 540 000 exemplaires, mais aussi Marc Lévy ou même Franck Thilliez.
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C'est considérable. D'autant plus, rappelle Le Parisien, que Guillaume Musso dominait le classement depuis douze ans. C'est dire. Et que Mélissa Da Costa n'a même pas 35 ans. La poursuite d'une carrière qui ne pourra que s'embellir encore donc. Vers l'infini et au-delà. Mais comment expliquer ce succès ?
S'il y a 20 ans des noms comme Fred Vargas, Amélie Nothomb (toujours reine en son royaume auprès d'une communauté fervente de fans) et Anna Gavalda résonnaient clairement comme les valeurs assurées de la littérature francophone, il faut désormais compter sur des autrices abonnées, elles aussi, aux best-sellers comme Virginie Grimaldi (Il est grand temps de rallumer les étoiles, Et que ne durent que les moments doux, Une belle vie), Aurélie Valognes (Né sous une bonne étoile, Le Tourbillon de la vie, La Ritournelle), Marie Vareille (La Vie rêvée des chaussettes orphelines, Ainsi gèlent les bulles de savon) et ... Mélissa Da Costa, donc !
Cette nouvelle relève de romancières détonne par sa polyphonie et son aura fédératrice. Sur les réseaux sociaux, elles sont également abondamment suivies, renforçant un lien tenace avec leur lectorat fidèle. Mais si Mélissa Da Costa est aujourd'hui la romancière francophone la plus lue du pays, il y a bien des raisons qui lui sont propres. Et les lecteurs ne se privent pas de nous les expliquer en chroniquant minutieusement ses livres...
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L'autrice de Femmes du bout du monde (sorti en librairies en mars) et de Tout le bleu du ciel (son premier grand succès) captive les regards des bibliophiles depuis quatre ans seulement. Et les louanges pleuvent par milliers sur des sites de lecteurs populaires comme Babelio : "que d'émotions dans ces pages", "joli roman que je referme les larmes aux yeux", "Lorsque j'ouvre ce livre, j'hésite d'abord à le refermer. Il me frappe au coeur. Il me bouleverse. Il me fait mal", "J'étais comme envoûté par ce roman dès le titre"...
Ce qui bouscule le lectorat ? Des titres recherchés déjà qui font la part belle à l'imagination du lecteur (Les douleurs fantômes, Le bruit des secrets) et un goût certain pour les émotions fortes (histoires très mélo-drama de maladie, de chagrin, de solitudes tristes). Mais aussi, une propension à glisser d'un style à l'autre, quitte à perdre toute une partie de son audience en chemin.
Un risque qui paie apparemment !
La preuve ? Les lecteurs ne se sont jamais remis de La Doublure, histoire à suspense, de manipulations et de passion toxique, qui en laissé plus d'un groggy : "Je suis totalement ébahie par le changement de style de Mélissa Da Costa qui signe ici son roman le plus abouti. Le plus noir aussi", "Ne vous fiez pas à cette étiquette erronée de " feelgood ", il n'en est rien. Préférez : drame ou thriller psychologique", "J'en ressors avec un sentiment très bizarre, à la limite du glauque", "Vous n'êtes pas préparés à rencontrer la face sombre de sa plume", "Quel coup de poing, ce roman !", "de ces romans qui nous marquent au fer rouge et qui resteront à jamais marqués dans notre esprit"...
Interrogée sur son succès par France Inter, elle avance un début d'explication : "Je pense qu'il y a un phénomène qui s'est mis en place, un grand phénomène de bouche-à-oreille. J'ai remarqué que mes romans étaient très familiaux. Je le vois quand on vient faire dédicacer mes ouvrages. La grand-mère lit. Le papa lit. La petite adolescente de 14 ans lit". Forcément, ça aide. La nouvelle championne détaille : "On a à la fois des gens qui baignent dans le milieu littéraire depuis tout petits. Et à la fois, je vais avoir des lecteurs qui vont me dire que c'est leur premier roman. C'est fou. On touche vraiment des lecteurs très divers".
On le comprend, les romans de Mélissa da Costa prennent la forme de roller-coaster émotionnels qui, quel que soit le genre investi (chronique intimiste ou thriller énervé) n'épargnent pas le petit coeur de ses lecteurs. Tout y semble possible. Et l'autrice ne s'en cache pas d'ailleurs. En interview toujours, elle déclare : "Pour moi, l'écriture a toujours été un jeu, indissociable de la notion de plaisir. Écrire, ça me permet de vivre une autre vie que la mienne. C'est une fenêtre sur un autre univers dans lequel absolument tout est possible".
Qui dit mieux ? Embarquer ses confidents au-delà de cette fenêtre, c'est toujours la note d'intention de celle que le JDD considère comme "l'inconnue la plus lue de France". Une drôle de couronne à arborer pour la trentenaire.