C'est LE film événement des fêtes.
Une déclinaison d'un des plus gros best sellers de la littérature jeunesse (Charlie et la chocolaterie), une icône de la génération Z en tête (Timothée Chalamet), un réal, Paul King, qui a grave la cote (celui de Paddington), une exigence de comédie musicale spectaculaire avec un parolier de génie (Neil Hannon du groupe The Divine Comedy)...
Voilà tout ce qui constitue Wonka, oeuvre tout public spécialement dédiée au chocolatier le plus connu de la pop culture, Willy Wonka, qui a déjà eu droit à de belles incarnations : Gene Wilder (dans les seventies) et Johnny Depp (l'un de ses rôles les plus marquants devant la caméra de Tim Burton). C'est dire si ce musical ultra sucré devrait ameuter les foules depuis sa sortie en salles ce 13 décembre. Et booster les ventes de tablettes et rochers au passage.
Mais alors, ça vaut quoi au juste ? Délicieux ou indigeste ?
Wonka est à Charlie ce que Les animaux fantastiques sont à Harry Potter : une déclinaison un brin opportuniste mais malicieuse qui, à grands renforts de clins d'oeils décochés aux fans et de ludisme, exploite moins des personnages à proprement parler qu'un imaginaire, foisonnant et ultra fantasque.
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Bon, fort heureusement, Wonka, c'est bien mieux que Les animaux fantastiques. Et ce grâce à un je ne sais quoi qui manque à un grand nombre de productions hollywoodiennes actuelles : l'ambition, et l'amour du travail bien fait. Car ce "Wonka Begins" relatant les débuts très galères du chocolatier-magicien et son ascension progressive sur le marché hyper concurrentiel du chocolat fait le pari de tutoyer les musicals extravagants de Broadway.
C'est une riche idée. Car si les chansons comptent beaucoup dans Charlie et la chocolaterie (celles des Oompa Loompas, ces petits êtres facétieux) Wonka n'en fait pas de simples interludes rigolos mais s'envisage carrément en comédie musicale aux numéros vastes et minutieux, très chorégraphiés, parfois carrément aériens - la séquence sur les toits du zoo se pose là. Et les lyrics de leur côté oscillent entre second degré respectueux des mondes de Roald Dahl (connu pour son humour féroce, envers les adultes notamment) et célébration à tout rompre de l'émerveillement enfantin.
Un cocktail doux amer, à l'image des confiseries dont Willy Wonka raffole.
Surtout, le choix du musical (précisons que le metteur en scène ne s'inspire d'aucune pièce préexistante) est très pertinent quand on y réfléchit : c'est le genre cinématographique parfait pour parasiter le réel, lorsqu'une scène du quotidien devient soudainement un numéro de danse disproportionné. Or, quoi de plus fantasque que Wonka, ce génie farfelu qui n'a guère le sens des réalités ? Tout le film épouse justement son esprit en imaginant un univers où le chocolat fait loi : il est au coeur d'une mafia (oui oui), ensorcelle le peuple, les autorités... Et même les prêtres !
Une sorte de dictature du chocolat qui semble tout droit sortie... De la tête de Willy Wonka. Si le personnage semble très assagi et consensuel par rapport à ses précédentes incarnations (notamment celle de Johnny Depp, qui en a fait un cas psychanalytique total) l'écriture du film n'est donc pas si absurde que cela, et l'univers de Charlie loin d'être trahi. L'humour est simplement moins cruel, et bien plus... "Bon enfant". Logique, encore.
Bref : de la féérie sans niaiserie. Autrement dit, un remède idéal à la sempiternelle Reine des neiges pour tous les darons désespérés qui se trouveraient (déjà) à bout de force en ce mois de décembre !