Scènes de viol, torture porn, tournage intenable... cette série pas encore sortie fait déjà polémique face au chaos de sa production

Habituellement réputée pour ses créations originales impressionnantes qui font l'unanimité auprès du public (Oz, Les Soprano, Veep, Game of Thrones...), la chaîne HBO se retrouve malgré elle au centre d'une polémique inattendue aujourd'hui. A en croire un récent article de Rolling Stone, fondé sur les témoignages de 13 membres de l'équipe, la série The Idol - portée par Lily-Rose Depp et Abel Tesfaye (The Weeknd), ne possède toujours aucune date de sortie, la faute à une production jugée chaotique depuis le début de son tournage en novembre 2021.

"Quand j'ai signé pour ce projet, c'était une satire sombre de la célébrité au 21ème siècle, a soufflé un membre de la production auprès du magazine. Les choses que l'on impose à nos talents, les forces qui amènent les gens sous les projecteurs et comment elles arrivent à les manipuler. Malheureusement, c'est passé d'une satire à une chose que l'on critiquait".

Des propos particulièrement forts mais qui s'expliqueraient par le départ de la réalisatrice/showrunneuse Amy Seimetz (The Girlfriend Experience) en cours de production, alors que 80% des six épisodes étaient déjà bouclés. La raison de cette démission ? Officieusement, il se murmure qu'Abel Tesfaye (également producteur) n'aimait pas la direction trop féminine de la série, se sentant peu valorisé, tandis qu'il serait à l'inverse reproché au chanteur/acteur d'avoir été peu disponible en raison de son agenda. De même, Seimetz aurait fait face à des contraintes de budget et de manque de temps intenables.

La conséquence de cette démission ? C'est Sam Levinson - créateur d'Euphoria, qui a été appelé pour terminer The Idol. Or, plutôt que de conclure les 20% restants, il aurait décidé de "jeter à la poubelle ce projet de près de 75 millions de dollars afin de réécrire et retourner tout l'ensemble". Et vous l'aurez compris, c'est à partir de là que la situation aurait tourné au chaos.

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"C'était comme si on avait d'un coup un récit mettant en avant le fantasme du viol avec ces personnages masculins toxiques et où la femme revient toujours pour en demander plus parce qu'elle considère que ça améliore sa musique", a déploré un membre de la production au sujet de la nouvelle version imaginée par Sam Levinson. Une façon de faire choquante selon l'équipe initiale qui avait signé pour la version d'Amy Seimetz - considérée comme bien plus maline et intelligente que celle imaginée par son successeur, et qui aurait causé de nombreuses démissions.

"Amy Seimetz a tout donné pour ce projet. Elle a vraiment tenté de réussir l'impossible en faisant entrer des carrés dans des ronds, tout ça pour voir son travail être effacé et réécrit par Levinson", a critiqué une personne de l'équipe, tandis qu'une autre a déclaré, "C'est vraiment frustrant de voir qu'Amy a tout donné malgré les conditions pour réaliser quelque chose dont elle pouvait être fière, tout ça pour voir HBO tout balancer et donner un chèque en blanc à Levinson pour qu'il fasse sa saison 3 d'Euphoria mais avec des popstars".

Il faut dire aussi que le papa d'Euphoria n'aurait rien fait pour que sa vision soit validée par les autres. En plus d'une réécriture totale allant à l'encontre du message original, Sam Levinson aurait également changé le casting en supprimant des rôles pour rajouter ses propres chouchous à l'écran, le tout en étirant le tournage à n'en plus finir. D'un reshoot prévu de mai à juillet, celui-ci se serait finalement étendu jusqu'à octobre, la faute à des changements de scénarios constants.

"J'étais lessivé à la fin, s'est plaint un membre présent jusqu'au bout. J'en venais à me dire 'Je ne peux pas garder un travail qui me fait pleurer tous les jours parce que je n'ai eu que deux heures de sommeil, qu'on me donne 100 directions différentes étant donné que personne ne sait quoi faire'".

Mais surtout, le plus gros problème de cette vision de Levinson - déjà critiqué pour la gratuité de la nudité dans Euphoria, serait la perversité qu'il aurait continuellement ajoutée à l'histoire avec des éléments tous plus toxiques les uns que les autres. "C'était une série sur une femme qui se découvrait sexuellement et c'est devenu quelque chose sur un homme qui peut abuser d'une femme, ce qu'elle adore", a confié une source.

Parmi les séquences imaginées - qui n'auraient cependant jamais été tournées, The Idol aurait été à deux doigts du scandale plusieurs fois. "Dans une version d'un épisode, il y avait supposément une scène où Tesfaye frappait le visage de Lily-Rose et où elle lui souriait et en redemandait, ce qui donnait une érection au personnage de Tesfaye", explique Rolling Stone. Le magazine dévoile également : "Un autre scénario proposé était de voir Depp porter un oeuf dans son vagin et risquer de voir le personnage de Tesfaye refuser de la violer dans le cas où elle le ferait tomber/casser. Ensuite, l'héroïne l'aurait supplié de la violer en pensant que c'était la clé de son succès".

Des révélations chocs qui, sans surprise, ont fait halluciner les personnes impliquées sur ce projet : "On se disait tous, 'Mais qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que je suis en train de lire ? C'était vraiment une sorte de torture porn". Aussi, de nombreux collaborateurs affirment être désormais prêts à boycotter le créateur : "Je ne travaillerai plus jamais avec lui. Et je ne pourrai plus regarder Euphoria en sachant maintenant comment il traite ses équipes".

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Mis au fait de ces accusations, HBO a bien évidemment tenu à défendre la série et Levinson en assurant que tout s'était parfaitement déroulé. "L'équipe créative s'est engagée à créer un environnement de travail sûr, collaboratif et respectueux, a déclaré la chaîne dans un communiqué. L'année dernière, l'équipe a apporté des changements créatifs qui étaient dans le meilleur intérêt à la fois de la production et des acteurs et de l'équipe."

De son côté, Variety a écrit un article pour dire que les membres de l'équipe interrogés par Rolling Stone (pourtant anonymes) n'auraient pas vu le produit fini, et a démenti la réécriture totale, affirmant que seul le pilot aurait été changé.