Plus de 170.000 personnes vivent aujourd'hui avec le VIH en France. Et il y a 6 000 nouveaux cas par an. Malgré un traitement à vie, celui-ci ne les soigne pas. Mais 37 ans après la découverte du sida, des chercheurs français de Diaccurate (start-up spécialisée en biotechnologie qui est hébergée à l'Institut Pasteur) ont fait une grande découverte qui pourrait enfin marquer une véritable avancée.
Leur étude a été publiée dans la revue scientifique Journal of Clinical Investigations. Ils y rappellent le problème du VIH : ce virus à l'origine de la maladie (le sida) empêche le système immunitaire de se défendre. "Ce n'est pas le VIH qui tue les malades mais le fait que leur système immunitaire devient immunodéficient, donc ils meurent d'une infection ou d'un cancer" a ainsi expliqué le professeur Jacques Thèze, cofondateur et directeur général de Diaccurate comme l'a rapporté Les Echos.
Le souci, c'est que même si "très peu de ces cellules - 1 sur 1.000 - sont infectées par le virus, elles sont toutes paralysées, donc ne marchent plus" a-t-il indiqué. Mais pourquoi le VIH s'en prend au système immunitaire ? Et comment ?
Les chercheurs français de Diaccurate ont enfin trouvé la cause du problème : une enzyme digestive (PLA2G1B). Celle-ci joue un rôle clef. En effet, cette enzyme pancréatique agit avec un fragment du virus pour attaquer les globules blancs (lymphocytes T CD4 +). Grâce à cette enzyme et à une partie du virus qui collaborent, le système immunitaire est paralysé.
Cette même enzyme pourrait aussi être impliquée dans d'autres pathologies dont certains cancers. En trouvant la cause, les scientifiques ont réussi à développer un anticorps (monoclonal Plazumab). Son rôle ? Neutraliser cette enzyme en cas d'infection, pour que le VIH ne puisse pas s'en prendre aux globules blancs (et donc au système immunitaire) du malade.
Cet anticorps fonctionne in vitro sur des souris. Mais après l'avoir testé sur les rongeurs, il faudra attendre encore un moment avant qu'il soit testé sur des êtres humains. Le premier essai clinique sur des femmes et des hommes devrait en effet se dérouler dans seulement 18 mois. Il sera d'abord expérimenté sur des malades atteints du cancer du pancréas, puis sur des malades atteints du sida.
Après ces premiers essais cliniques prévus dans plus d'un an, il faudra ensuite encore attendre entre 5 et 10 ans avant la création d'un traitement ou d'un potentiel vaccin contre le sida. C'est ce qu'a malheureusement indiqué Philippe Pouletty, président de Diaccurate, à BFM Business. Pourquoi autant d'années ? A cause de la complexité de cette élaboration, déjà, mais aussi du coût que cela représente.
Pour vous donner une idée, sur 6 ans, Diaccurate a financé seule entre 7 et 8 millions d'euros avant d'arriver à cette découverte (et a aussi bénéficié des expertises ponctuelles de partenaires renommés comme le CNRS, l'Inserm, le Scripps Research Institute...). Peut-être qu'en 2030, un traitement ou un vaccin contre le VIH sera donc enfin créé.