Stoppons le suspens de ce pas. Tenet est-il le chef d'oeuvre annoncé ? Non. Tenet va-t-il sauver le cinéma en ces temps de pandémie ? Non, mais il ramène un plaisir évident de spectaculaire et attirera à nouveau les foules dans les salles obscures (bien que nos cinémas n'aient pas manqué d'excellents films cet été (King Of Staten Island, Madre, IP Man 4, Tout Simplement Noir...)). Tenet est-il supérieur à Inception et Interstellar ? Non et non.
Mais Christopher Nolan propose un film hors norme, high concept et hors piste. Oui, vous en ressortirez avec le tournis et une folle envie de le revoir (ou de ne plus jamais en attendre parler, c'est selon). Comme pour tout film de Christopher Nolan, vaut mieux en savoir le minimum avant de s'immerger dans son univers sur grand écran. L'avis qui suit est néanmoins garanti sans spoilers.
Notre monde est en péril. Le futur attaque le présent. Le Protagoniste (David John Washington - BlakKklansman, Ballers) aidé par un agent anglais (Robert Pattinson) va devoir multiplier les exploits et comprendre la technique de "l'inversion du temps" afin de stopper la Troisième Guerre Mondiale.
Décrit comme un James Bond sous acides par la presse anglo-saxonne, Tenet est un thriller d'espionnage complexe et casse-tête. Comme si James Bond se lançait dans des ébats interdits avec Call Of Duty, Retour Vers le Futur et Donnie Darko.
Pour être franc, on s'est complètement perdu dans Tenet. C'est avec le cerveau " inversé " que l'on est ressorti de l'Imax de la Villette à Paris.
Tenet va diviser. Encore plus que les autres films de Nolan. Pas facile d'en comprendre le concept puis de suivre le réalisateur anglais dans ses concepts temporels de monde inversé, d'entropie, de messages cryptés avec des dialogues comme "grandeur thermodynamique exprimant le degré de désordre de la matière".
Tenet a beau s'expliquer (longuement, parfois trop), on a du mal à être émotionnellement touché par son histoire et ses personnages (malgré un Robert Pattinson au charisme foudroyant qui présage du meilleur pour son The Batman). Le cinéma de Nolan est connu par sa froideur. Ici, le mot est galvaudé.
Certes Tenet est passionnant, mystérieux, excitant mais laisse un fouillis complet dans notre tête. Une seconde d'inattention et vous risquez d'être largué et vous demander ce qui peut bien se passer à l'écran.
Autre souci, la lisibilité de certaines séquences d'action qui malgré leur aspect spectaculaire et leur montage virtuose déroutent réellement. Loin d'être aussi solide et abouti qu'Interstellar et Inception (pour citer les Nolan les plus complexes dans leur concept), Tenet n'en demeure pas un divertissement hors pair, expérimental mais parfois écrasant.
Les moments de bravoure ne manquent pas (la scène d'intro en forme d'uppercut, le fameux crash de Boeing, la course-poursuite sur l'autoroute) avec des effets réels, sans fond vert et une mise en scène qui explose les codes habituels des blockbusters.
Dans ce labyrinthe scénaristique et ce kadéïloscope d'images bombardées non stop pendant 2h30, Nolan fait appel à l'intelligence du spectateur mais aussi à son instinct pour le sauver en cas de noyade.
Tenet va-t-il sauver le cinéma ? Sûrement pas mais en tout cas, il va faire la joie des salles de cinéma puisqu'il est vraiment conseillé de le voir plusieurs fois pour en comprendre tous les rouages et en décrypter les nombreuses énigmes. Après tout, c'est la quintessence du fan de cinéma de rechercher les films qui bouleversent et s'imprègnent dans nos rétines ?
Autre plus, le duo John David Washington / Robert Pattinson fonctionne à merveille. Washington confirme qu'il a bien hérité du charisme de son père tandis qu'avec Pattinson, impossible de ne pas penser à son futur rôle de Bruce Wayne. L'acteur anglais rayonne avec une facilité déconcertante.