Difficile de l'oublier, dans le premier épisode du DLC Tombeau sous-marin, Irrational Games réalisait le rêve de milliers de joueurs en les transportant de nouveau à Rapture, l'atlante de Bioshock. C'est plus précisément les heures précédant la chute de la cité engloutie que ce chapitre nous invitait à vivre. Si la direction artistique s'est avérée une nouvelle fois irréprochable, le manque de nouveautés en termes de gameplay et une narration assez limitée avaient laissé certaines personnes sur leur faim. Tout le contraire de ce second épisode quasiment irréprochable.
Pour mémoire, le premier chapitre se terminait sur l'exécution de Booker par un Protecteur, devant une Elizabeth pour le moins réjouie. Fin ? Non, car c'est dans les bottes de la jeune femme que l'on se retrouve quelques minutes plus tard, à côté du cadavre de notre héros, le pistolet d'un sbire d'Atlas sur la tempe. Oui, Atlas, cette même personne qui vous guidait via un talkie-walkie dans le premier Bioshock. A la différence près que c'est une version plutôt caractérielle du Monsieur qui nous est présenté, ce dernier n'acceptant de vous laisser la vie sauve qu'à une seule condition : que vous l'aidiez à s'emparer de la ville.
Malgré un scénario haletant, ceux qui n'ont pas joué à Bioshock n'apprécieront clairement pas cet épisode 2 à sa juste valeur. Ce contenu téléchargeable comporte encore plus de références et de clins d'oeil que seuls les initiés ayant terminé l'aventure du premier volet comprendront. Un résumé de Bioshock peut être visionné, mais cela reste insuffisant pour véritablement vivre ce préquel avec ses tripes. D'autant plus que la narration de ce DLC monte, non pas d'un cran, mais bien de dix en parvenant à lier, via une mise en scène millimétrée, le volet "Infinite" au premier Bioshock, sans dénaturer leurs univers respectifs.
On reprochait également à l'Episode 1 de ne pas assez innover du côté du gameplay. Tout le contraire de l'Episode 2 qui nous prend à contre-pied en délaissant l'action pure et dure au profit d'une jouabilité tournée vers l'infiltration. Il faut dire qu'avec ses 50kg tous mouillés et ses bouquins, Elizabeth n'a rien d'un Booker, ce héros de guerre badass qui pouvait foncer tête baissée vers les ennemis en se prenant quelques bastos, et ce sans broncher. Ici, vous incarnez une héroïne frêle, qui fait très clairement moins la maline dès que sa vie tombe dans le seuil critique à la moindre égratignure.
Le mot d'ordre est donc la discrétion. Étudier les déplacements des chrosomes ou emprunter les conduits de ventilation est désormais impératif pour se glisser derrière certains ennemis et leur asséner un coup violent sur la tête pour les mettre hors d'état de nuire. Et ne penser pas ouvrir quelques failles pour faire apparaître des robots protecteurs, Elizabeth ne peut compter que sur son intelligence et son courage. Faire rugir vos grosses pétoires ou courir entre les ennemis n'aura ainsi pour effet que de vous assurer une mort certaine. En clair, c'est avec un nouvel oeil stratégique qu'il faut progresser dans Rapture.
Et qui dit nouvelle approche, dit armes et capacités inédites. Là aussi, les développeurs ont fait preuve de créativité en introduisant tout d'abord de nouveaux plasmises innovants. Le plus significatif est celui permettant de voir les ennemis à travers les murs et de se rendre invisible (toujours sous condition d'avoir sa jauge d'Eve remplie). Côté arsenal, cet épisode introduit l'arbalète qui permet de mettre K.O ses cibles rapidement et surtout discrètement grâce aux (rares) carreaux anesthésiants (qui neutralisent), fumigènes (qui endorment) ou sonores (qui détournent l'attention).
Dans l'ensemble, ce second épisode propose une difficulté et une durée de vie satisfaisantes. Certes tout n'est pas exceptionnel – comptez seulement 6 à 8 heures de jeu si vous aimez fouiner un peu partout –, l'immersion n'en souffre pas pour autant. L'intensité des séquences d'infiltration, entrecoupées par des affrontements explosifs parfois inévitables, gomme ces petits défauts. L'I.A est quant à elle très correcte même si certains ennemis souffrent toujours d'un angle mort assez étrange. Ajoutez à cela le crochetage des serrures, une facette sympathique, mais au final assez dispensable.
Terminons enfin sur la direction artistique, toujours aussi envoûtante. Sans trop en dire sur l'intrigue, préparez-vous d'ailleurs à plusieurs moments "nostalgeek", que ce soit en sillonnant les couloirs inondés de Rapture qu'en visitant les habitations nuageuses de Columbia. Visuellement, rien à redire non plus, la recette reste efficace. Les effets de lumière sont toujours aussi sympathiques et la modélisation des environnements est inspirée (même si on les aurait aimés plus diversifiés). La partie sonore, que ce soit du côté des musiques que des doublages, est elle aussi somptueuse.
Verdict : L'Episode 2 du DLC Tombeau sous-marin de Bioshock Infinite est tout ce qu'un contenu téléchargeable doit être : captivant et dépaysant, tout en étant un minimum nostalgique. Ken Levine conclut sa saga sur un feu d'artifice d'émotions, ce qui nous fait d'autant plus regretter la récente disparition d'Irrational Games. RIP.
Nos autres tests : Test Yaiba Ninja Gaiden Z : nos impressions sanglantes du spin-off / Test Metal Gear Solid 5 Ground Zeroes : les plus courtes sont les meilleures ? / Test Titanfall sur Xbox One : "Adopte un Mech" / Test Plants VS. Zombies Garden Warfare : des racines et des pelles !