A Helgan, rien ne va plus. Logique. Helgan N'EST plus. A la fin de Killzone 3, on assistait, impuissant, à la destruction de l'astre que se battaient les Helgasts et les Vectans. Shadow Fall se déroule 30 ans après cette tragédie. Les deux populations en guerre ont réinvesti la planète Vecta et se concentrent désormais autour du Mur, une gigantesque paroi dont chacune des factions occupe un côté, supportant la présence du voisin, tout en surveillant que ce dernier ne commette pas l'irréparable. Dans ce contexte tendu, qui n'est pas sans rappeler la Guerre Froide, on incarne ainsi Lucas Keller, un Shadow Marshall vectan chargé d'enquêter sur une insurrection de leurs descendants humains.
Les premières minutes de jeu n'ont donc rien d'encourageantes, nous aiguillant vers une nouvelle trame manichéenne dans laquelle des gentils affrontent des méchants à coups de grosses pétoires. Mais au fur et à mesure des complots déjoués et des enregistrements/dossiers trouvés, les frontières du bien et du mal se perdent dans un amas de charges pulsars, chacun des camps se montrant aussi manipulateurs et cruels que leurs rivaux. Alors oui, ce n'est pas la première fois qu'on a le droit à une pirouette scénaristique de ce genre dans un titre. On apprécie malgré tout l'effort fait par les scénaristes qui brisent les habituels codes de la saga.
Killzone : Shadow Fall a également le mérite d'innover du côté du gameplay avec notamment l'introduction du OWL, un drone dont l'utilisation intuitive via le TouchPad de la manette est loin d'être anecdotique. Au contraire, ce compagnon, doté d'une mitraillette et capable de pirater des alarmes, lancer des grenades électromagnétiques déstabilisant les boucliers ennemis mais également de vous servir de tyrolienne, vous sauvera plus d'une fois la mise. Son seul défaut est aussi sa principale force : son efficacité. Capable de se téléporter aux moindres de vos ordres, le OWL sème le chaos et vous vole la vedette pendant que vous compterez les mouches caché dans l'obscurité.
FPS oblige, faire parler la poudre sera bien évidemment de la partie, tout du moins si vous en décidez ainsi. Car dans Shadow Fall, contrairement aux épisodes précédents, il est possible désormais d'aborder véritablement l'action de deux manières différentes : soit en entrant dans le tas avec votre arsenal plus ou moins fleuri (fusils d'assaut, fusils à pompe, sniper, grenade...) ; soit en contournant les ennemis via des chemins annexes ou des bouches d'aérations pour les mettre hors d'état de nuire avec un coup de couteau bien placé sous la jugulaire. Plus qu'un caprice de développeurs, ces approches apportent un vrai plus à l'aventure, moins linéaire et plus customisable selon nos envies.
Niveau difficulté, l'IA est plutôt agressive, sans êtres véritablement insurmontable. Les soldats Helgast savent vous mettre des bâtons dans les roues, sans pour autant deviner vos moindres mouvements. D'autant plus que l'adrénaline, à activer à l'aide de la croix directionnelle, donne un avantage certain face à eux, en vous permettant de ralentir le temps et de vous rendre invincible à leurs tirs pendant quelques secondes. A noter que conserver ce "power-up" pour les moments difficiles peut s'avérer également judicieux puisqu'en de très bonnes mains, en l'occurrence les bras mécaniques de votre drone, ce dernier peut devenir votre ange salvateur et vous ressusciter lorsque vous êtes au sol.
Killzone : Shadow Fall propose enfin d'innombrables moments orgasmiques pour nos pupilles. La profondeur et la complexité des décors transpirent la next-gen jusque dans les bas-fonds de New Helgan. Tout au long de l'aventure, soit une quinzaine d'heures, il est impossible de détourner le regard des environnements, une prouesse possible grâce à des gfraphismes explosifs, des textures détaillées, des effets de lumières bluffants et une modélisation de haute volée. La pluralité des lieux visités forcent aussi le respect. Certes, une impression de déjà-vu se fait parfois ressentir, notamment lors des missions dans l'espace rappelant Dead Space. Cela n'enlève pourtant rien au travail d'orfèvre du studio qui continue sur sa bonne lancée après Killzone : Mercenaries (PS Vita).
Quelques mots enfin pour le mode multijoueur qui permet à 24 joueurs de s'affronter, avec leur drone, dans des cartes assez bien équilibrées. On retrouve les traditionnelles classes aux caractéristiques distinctes ainsi qu'un système de levelling qui privilégie des défis à l'expérience pure et dure. Guerrilla Games met ainsi à disposition une liste exhaustive de 1 500 challenges à la difficulté croissante qui mettra vos skills à rudes épreuves. Autre aspect positif : les Zones de Guerre à personnaliser à volonté. En matchmaking, il est ainsi quasi impossible de tomber deux fois de suite sur une même partie, un véritable plus pour les adeptes du frag en ligne entre potos.
Verdict : Killzone : Shadow Fall remplie parfaitement le cahier des charges d'un titre next-gen (ou present-gen si l'on est pointilleux). Beau, haletant et scénaristiquement maîtrisé, ce quatrième volet de la saga de Guerrilla Games gomme les principales lacunes et défauts de ses prédécesseurs en y injectant une bonne dose de graphismes mirifiques et d'environnements renversants que tiendra en haleine les joueurs, aussi bien dans le mode solo que dans le mutijoueur.