Purebreak : Depuis quand fais-tu de la musique ?
Toni : Depuis toute petite, mais j'ai vraiment décidé de m'y mettre quand j'avais 13 ans. Au collège, je me suis dit a qu'il y avait peut-être quelque chose à faire. Quand j'avais 10 ans, j'ai pris des cours de chant au conservatoire. Le solfège, j'ai vite abandonné parce que ça me soûlait. Après j'ai fait des petits concours de chant par-ci par-là, mes premiers concerts...
Tu as tout quitté pour la musique...
J'ai tout plaqué. J'étais à la fac juste après le bac, j'étais censée faire des études pour devenir professeur d'anglais. J'étais motivée sauf que, en même temps, j'ai commencé à faire de la musique. Donc j'ai commencé par rencontrer des gens qui me faisaient des propositions de tournées, faire les choeurs, enregistrer sur des albums, etc. et ça me prenait énormément de temps. Je n'avais pas trop l'occasion d'aller en cours régulièrement. Au bout de 3 ans, je me suis dit 'je ne sais pas pourquoi je force, je vais arrêter la fac, je vais voir ce que ça donne la musique'. Du coup, on quitte ce sentiment de sécurité, de routine, de savoir quoi faire du lundi au vendredi. Au final, on se retrouve à bosser une fois tous les 6 mois.
"Je me suis retrouvée à faire une tournée avec le producteur de musique électro Clément Bazin"
Tu as rencontré des DJ, comment ça s'est fait ?
En fait, je pense qu'il y a un petit réseau qui s'est fait parce que j'ai bossé avec des gens qui avaient des projets. Je pense que j'ai fait mes preuves face à pas mal de gens et mon nom a commencé à circuler dans le réseau des musiciens et des chanteurs parisiens et c'est comme ça que je me suis retrouvée à faire une tournée avec le producteur de musique électro Clément Bazin (Producteur français en plein essor), un truc totalement hors de ma zone de confort, mais simplement parce qu'il recherchait – je le cite - "une meuf qui déchire". Plein de gens m'ont recommandée et mon nom est revenu pas mal de fois. Après lui, c'était un DJ suédois. J'ai fait des tournées dans toute la France, on a fait le tour de l'Europe aussi, c'était pas mal. Après j'ai juste croisé 2 DJ, que je ne connaissais pas. Il y en a un que je n'ai même pas vu en dehors de la scène. Pour un début, je suis choquée des choses que j'ai faites pour l'instant. En quittant la fac, je ne m'attendais pas du tout à faire ça.
Qu'est-ce qui t'a poussé à participer à The Voice ?
J'ai vu que je commençais à gagner un peu en expérience scénique, je me sentais un peu plus à l'aise, j'avais un peu plus confiance en moi et en fait je ne voulais pas faire The Voice tant que je ne me sentais pas un petit peu prête et sûre de moi, sûre de ma valeur artistique. J'avais juste envie de ne pas y aller plein de doutes et, cette année, je pense que c'est une année où pas mal de doutes se sont effacés, où j'ai commencé à voir le fruit de mon travail. Je me suis dit 'pourquoi pas'. En vrai, je n'ai vraiment rien à perdre. Je sais que j'y vais justement pour montrer mes capacités et me challenger. Et puis, ça fait kiffer de chanter devant des icônes de la musique française. Et encore, le mot "kiffer" n'est pas assez fort !
"J'étais tétanisée, j'ai fait des crises de panique"
Ça te faisait pas peur de passer à la TV ?
Ça me faisait hyper peur. J'ai fait des télé avant mais j'étais toujours avant, dans le fond, en tant que choriste. C'était très bref. Quand l'attention n'est pas focusée sur toi, ce n'est pas aussi important et là je savais qu'en allant à la télé, ça allait être moi, mon nom, mon visage, ma voix. Franchement, j'étais tétanisée, j'ai fait des crises de panique. Mais je me suis dit 'tout ce qui me fait peur, je le fais. Je le fais parce que ça me fait peur' et je crois que c'est le plus grand truc qui me soit arrivé.
Tu as repris "Doo-Wop (That Thing)" de Lauryn Hill. Pourquoi ?
Je voulais y aller avec un classique. Je pense que c'est un morceau qui me définit bien. J'ai grandi avec le R'n'B des années 90 et, pour moi, Lauryn Hill, à cette période là, c'était l'artiste qui avait le message, qui avait le talent, qui avait la manière de faire - bon aujourd'hui elle arrive en retard à ses concerts mais c'est pas mon problème (rires) – mais voilà, pour moi ça représentait le mélange de ce que j'aimais faire. Ça permettait de me tester surtout, parce qu'il y a rap dans cette chanson et j'avais juste rappé pendant des petits concerts, très rapidement avec des gens que je connaissais et avec qui j'étais en confiance. C'est tout nouveau pour moi et je voulais tester cette nouvelle capacité que j'avais travaillé devant des inconnus, devant des gens qui vont me juger sur ça. C'est un vrai challenge. Je voulais aussi voir si, en tant qu'interprète, je valais quelque chose parce que cette chanson a un message que je comprends, qui me touche et qui est toujours valable aujourd'hui. C'était surtout pour me faire kiffer. Je ne voulais pas aller aux auditions avec quelque chose qui me transcendait à moitié, je voulais y aller à 1000 %.
"J'avais l'impression qu'aucun des coachs ne me correspondait"
Pourquoi avoir choisi Amel Bent comme coach ?
Quand j'ai fait les castings de The Voice, je ne savais pas du tout qui allaient être les coachs. Quand j'ai découvert qui c'était, j'avais l'impression que, dans ces 4 artistes là, il n'y en avait aucun qui me correspondait. J'avais l'impression qu'il n'y en avait aucun qui pouvait se reconnaître en moi, de la même manière où je ne me suis pas reconnue en eux, sauf Amel Bent vu que j'ai grandi avec sa musique. Je ne suis pas familière avec la musique de Lara Fabian, Marc Lavoine et Pascal Obispo. Je me sentais perdue et je me suis dit que si Lara Fabian se retournait, j'allais la choisir. Je voulais grandir en tant que chanteuse. Mais au final, rien ne s'est passé comme prévu. A partir du moment où j'ai vu le fauteuil de Marc Lavoine se retourner, ça m'a chamboulée. Je ne savais plus quoi faire. J'allais le choisir lui, j'ai vraiment douté, j'ai dû tout réarranger dans ma tête et en fait, j'ai laissé faire le feeling. J'ai eu l'impression d'avoir une connexion avec Amel : j'ai vu dans ses yeux qu'elle se reconnaissait en moi, elle a dit qu'elle avait été bercée par la même musique. Ça m'a touché.
"J'ai essayé de ne pas prendre les critiques de Pascal personnellement"
Pascal Obispo et elle ont eu un long débat sur ce que tu étais capable de chanter. Tu en as pensé quoi ?
Je m'y attendais un petit peu parce que c'est vrai que, quand on entend des artistes un peu soul/ RnB, on se dit qu'ils ne savent faire que ça, des vibes et des longs vibrato et qu'une fois qu'on les challenge sur de la musique française, ils sont perdus. Après, je ne m'attendais pas à ce que ça soit aussi intense de la part de Pascal Obispo qui me dit 'je veux d'entendre ne pas chanter'. Au final, tant mieux parce que je veux qu'on me challenge et on m'en a donné. Ça me rassure. Après, c'est vrai que j'ai essayé de ne pas le prendre personnellement non plus. Je pense que ça partait d'une bonne intention, je pense juste que ça a été mal formulé mais, avec du recul, je me dis que Pascal voulait juste me voir et m'entendre chanter autre chose. Je préfère qu'il me dise pourquoi il ne s'était pas retourné plutôt qu'il ne me dise rien sur ce qui allait et ce qui n'allait pas.
Il t'a mis au défi de chanter du Léo Ferré, ça te fait peur ?
Quand il a dit Léo Ferré, j'ai dû chercher dans mon cerveau qui c'était. Pardon parce que je sais qui c'est mais je ne suis pas du tout familière avec la musique française. Après, tant mieux qu'il me propose un artiste comme Léo Ferré, je ne connais pas et je suis là pour découvrir, redécouvrir et me challenger. Avec du recul, rien n'est impossible. Je sais que je suis capable de le faire, ça demande juste énormément de boulot.
Marc Lavoine t'a comparée à Tina Turner, ça t'a fait quoi ?
Waouh. Franchement, on me compare à Tina Turner, j'ai tout gagné. C'est une des artistes que je regardais d'en bas et je voulais devenir comme elle. Je voulais avoir sa fougue, sa carrière, son boulot, son endurance. Pour moi, il n'y en a pas 2 comme elle et s'il voit même un dixième de Tina Turner en moi, c'est que je suis sur la bonne voie, que je bosse dur et que ça porte es fruits.
"Je voudrais faire un morceau avec Kendji"
C'est quoi tes projets pour l'après The Voice ?
Je vais bosser et je vais essayer de boucler mes projets, mes morceaux. J'en ai quelques uns de bouclés. Pourquoi pas un album, après je sais que c'est beaucoup de boulot. Rien que là, avant la diffusion, j'ai eu un élan de motivation et je me suis dit 'y'a rien qui peut t'empêcher de faire ce que tu veux'. Même si on n'a pas les moyens, le budget ou l'équipe pour, rien n'est impossible. Mes projets, c'est de boucler mes morceaux, faire des clips, faire des concerts, que ça aboutisse à quelque chose et que sur scène, je continue à faire vibrer.
Des envies de collaborations ?
J'ai des collaborations de prévues, après je ne sais pas du tout quand elles sortiront. Je ne pense pas que ça soit pour maintenant. Après, j'ai des petits rêves de featurings. J'aimerais bien bosser avec des rappeurs. Mon délire en ce moment, c'est je voudrais faire un morceau avec Kendji. Je pense que le choc des deux mondes peut faire un beau cocktail. Après, faut que je gagne en prestance et en visibilité. J'aime bien choquer et faire des choses auxquelles on ne s'attend pas.
Propos recueillis par Marion Poulle. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com.