Certaines interrogations dépassent le simple cap des compétences sportives. Surtout lors des compétitions les plus renommées. Ainsi, lors du Tour de France Femmes 2023, une question se pose : comment les coureuses font-elles pour résoudre les soucis... les plus intimes ? Autrement dit : uriner ? Et cela diffère-t-il vraiment de leurs homologues masculins ?
Concrètement : peut-on facilement se soulager, malgré la pression du peloton ? Franceinfo a enquêté et en a tiré un tour d'horizon riche en enseignements. Et le constat est sévère : discriminations ressenties par rapport aux coureurs masculins, risques d'amende en cas de haltes trop publiques, choix cornélien du "bon moment" alors que chaque seconde compte, nécessité de communiquer avec les autres équipes pour bien le trouver...
Bref : ces pauses-pipi n'ont rien de simple !
Les sportives qui sont venues témoigner auprès du site d'informations s'accordent sur trois points capitaux concernant ces enjeux très intimes. Déjà : parvenir à trouver un coin suffisamment discret, justement - car uriner publiquement est passible d'une amende de 104 euros. Ensuite : communiquer. La coureuse doit échanger avec son directeur sportif mais aussi les autres équipes, afin que celles-ci "n'attaquent pas", mais s'arrêtent, à ce moment-là. Ce serait bête qu'une simple pause pipi incite tout le monde à se devancer.
Enfin : se dépêcher. Quitte à commencer à se déshabiller (discrètement encore une fois) durant la course, avant de remonter le peloton pour signaler son arrêt imminent. Cet arrêt prend souvent place lors des temps les plus calmes de la course et chez les sportives interrogées, il n'excède pas la minute, au risque de susciter l'impatience. Arrêt souvent indispensable, vu la grande quantité d'eau absorbée par ces sportives de haut niveau. Il faut dès lors se mettre sur le bas côté et échapper à la vue du public...
Mais dans les faits, ça se passe comment ? Pas si mal...
En tout cas, c'est ce qu'assure à franceinfo Sport Severine Eraud, coureuse chez Cofidis : "On n'attaque pas pendant la pause toilettes, comme on n'attaque pas non plus lors d'une grosse chute. Ce sont des choses qui ne sont pas forcément dites, mais qui vont de soi et qui ne sont pas trop acceptées si elles ont lieu".
Cependant, remarque la sportive, une chose est certaine : "On ne peut pas faire comme les hommes, qui peuvent parfois se soulager sans descendre du vélo. Nous, c'est impossible". C'est une autre complication, un brin discriminante, qui vient séparer les coureuses de leurs homologues masculins. Celles-ci aimeraient que leur tenue soit davantage optimisées, afin de perdre moins temps lors des sacrosaintes pauses...
Mais la pause-pipi n'est pas toujours priorisée.
Ainsi, explique Yann Duploye, responsable du service des sports à La Voix du Nord, il arriverait régulièrement que les coureuses "urinent carrément directement dans leur cuissard, faute de choix". La solution de la dernière chance, comme on dit ! Surtout durant les étapes principalement parcourues à pleine vitesse...
Et souvent, c'est encore un dernier détail qui est pris en considération : la température ! De là dépend le choix de cette pause qui a tout du dilemme.
"En cas de fortes températures, la question de l'urine se pose plus rarement car les cyclistes transpirent beaucoup et évacuent l'eau de cette façon. Mais en cas de pluie ou de froid, il n'est pas rare que les coureurs se fassent dessus pour se réchauffer le bas du corps. La pluie se charge ensuite de tout rincer", conclut à ce titre ce reportage du JDD.
Oui, nous non plus, on ne verra plus jamais le Tour de la même façon...