Une affaire française, c'est la nouvelle mini-série événement de TF1 découpée en 6 épisodes et portée par Blandine Bellavoir, Guillaume Gouix, Guillaume de Tonquédec, Laurence Arné et Michaël Youn. De quoi s'agit-il ? D'une adaptation de la terrible affaire Grégory, qui englobe le mystère autour du kidnapping et l'assassinat de ce petit garçon de 4 ans en 1984 du côté des Vosges.
Un crime qui n'a toujours pas été élucidé et un drame qui, 37 ans plus tard, continue de fasciner la France entière et de nourrir de nombreux fantasmes et théories. Néanmoins, ne comptez pas sur cette fiction pour mettre en scène de nouvelles pistes et avancer de nouvelles preuves. Comme l'a confié Aimée Buidine (productrice) à Télé-Loisirs, "Avec Une Affaire française, nous avons cherché à montrer un équilibre de points de vue et à contribuer à un débat d'intérêt général, pour apporter les éléments d'une réflexion sur notre société."
Autrement dit, cette série s'intéressera davantage à l'emballement médiatique inédit de cette affaire à l'époque et aujourd'hui et à ses conséquences sur la vie des personnes concernées. Un parti pris intéressant qui apportera un point de vue nouveau à ce drame, mais qui questionne. La raison ? Aucune des personnes impliquées dans ce mystère, notamment Christine et Jean-Marie Villemin - les parents de Grégory, n'ont été contactées par la production.
Et sans surprise, ce constat a stupéfait la famille Villemin. Marie-Christine Chastant-Morand, l'avocate du couple - qui a demandé la réouverture de cette affaire en 2020, s'est montrée critique et sur la défensive devant un tel procédé, "Il n'y a eu aucune démarche de la part de TF1, de la production, ni de quiconque, que ce soit vis-à-vis de Christine et Jean-Marie Villemin directement, ou de notre équipe d'avocats. Nous n'avons pas participé. (...) Je ne vois pas comment les téléspectateurs peuvent démêler le vrai du faux par rapport aux faits et à la perception qui est faite des personnages. C'est leur nom qui apparaît. Christine et Jean-Marie Villemin ont des enfants et des petits-enfants, cela a un impact sur toute leur famille".
Pourtant, Aimée Buidine a tenu à défendre cette position. Interrogée à ce sujet par Le Parisien, la productrice a en effet rappelé qu'il s'agissait d'une décision logique étant donné que cette série porte un regard extérieur à l'affaire, "On a choisi de ne solliciter personne par souci de neutralité. Il n'y a aucune volonté de scoop ni de contre-enquête. Il n'est pas question de les juger, mais de vivre avec eux." Surtout, auprès de Télé-Loisirs, elle a sous-entendu que demander l'avis des témoins de l'époque aurait pu compromettre le récit, "Si on demande à une personne, il faut demander à tout le monde et cela risquait d'entraver la liberté de création et la liberté de point de vue".
Sans la participation des personnes impliquées, faut-il alors craindre de voir la série réécrire l'histoire ? De trop tomber dans le côté fictionnel ? A priori, la réponse est non. Le Parisien l'a précisé, "certains dialogues sont extraits des comptes rendus d'audition, des procès-verbaux de la gendarmerie, des interviews données à l'époque. Les mots du corbeau sont rigoureusement respectés". En bref, tout semble avoir été respecté.
De son côté, Jérémie Guez - le scénariste, a lui-même révélé s'être plongé dans les très nombreuses archives pour en ressortir avec le plus de sincérité possible au moment de dépeindre l'ambiance de l'époque, "Ce n'est pas à charge. J'ai voulu rendre la genèse d'un déraillement, qui a privé de justice des gens confrontés au plus grand drame au monde : perdre un enfant."
Enfin, conscient des doutes de la famille Villemin, Jérémie Guez l'a à son tour rappelé, Une affaire française n'est pas là pour juger cette affaire mais pour critiquer le comportement de la société autour, "On voulait rendre ce chaos, ce vortex dans lequel les protagonistes sont engloutis. Parfois, on ne se rend pas compte qu'il y a déjà des gens à terre, qu'on pointe du doigt et dont on bousille la vie."
Une affaire française est une mini-série composée de 6 épisodes de 52 minutes.