Ce n'est pas encore Noël, mais Netflix nous a déjà fait un joli cadeau. Le 8 décembre dernier, la plateforme de streaming a mis en ligne Le Monde après nous (Leave the World Behind, en VO), la nouvelle oeuvre de Sam Esmail (le génie derrière la série Mr. Robot) adapté du roman éponyme de Rumaan Alam. Et quand on aime l'univers du réalisateur, on ne peut que se sentir gâté par un tel film.
Décrit comme un thriller psychologique post-apocalyptique, Le Monde après nous reprend les thèmes chers à Sam Esmail à savoir les théories du complot, les manipulations des communications, l'omniprésence et les dangers des technologies, les civilisations mises au-devant de leurs comportements... Et là encore, on a le droit à un casting incroyable avec Julia Roberts, Mahershala Ali, Ethan Hawke ou encore Kevin Bacon. Pour l'anecdote, le film est même produit par le couple Obama.
De quoi ça parle ? Tandis qu'un couple et sa fille pensent profiter de vacances reposantes dans le Long Island (USA), leur séjour est brutalement interrompu par leurs voisins alors que le pays semble s'effondrer. Est-il victime d'un bug technologique ? D'un piratage global ? D'une attaque terroriste ? En même temps que les personnages tentent de savoir comment réagir à cette catastrophe, chacun remet en question sa place dans un monde qui lui échappe.
Malheureusement pour Sam Esmail, si le film cartonne (il est actuellement classé n°1 dans le Top 10 sur Netflix) et qu'il nous en met plein les yeux tout en actionnant des leviers de réflexions intéressants, Leave the World Behind n'est noté que 39% par le public sur Rotten Tomatoes. En cause ? Nombreux sont ceux à détester la fin et à ne pas la comprendre, accusant ainsi le cinéaste de leur avoir fait perdre leur temps.
"J'viens de finir le monde après nous sur Netflix, mis à part le fait que ça donne des idées sur les années à venir, c'est quoi cette fin éclatée ?", peut-on lire sur Twitter, tout comme, "MAIS C'EST UNE BLAGUE ? Le monde après nous, la fin... nan c'est un prank purée" ou encore, "Le monde après nous sur Netflix, je suis mitigé, je sais pas si c'est de la merde ou de la grosse merde. C'est quoi cette fin ?"
Et pour cause, dans les ultimes minutes de cette adaptation (qui diffère du livre), on ne sait pas si tous les personnages - dispersés lors d'une importante attaque à New York, se retrouveront et survivront. De même, on ne sait toujours pas qui est à l'origine du mal qui impacte le pays. Enfin, on aperçoit Rosie (Farrah Mackenzie) - la fille des personnages de Julia Roberts (Amanda) et Ethan Hawke (Clay), enfermée seule dans un bunker en train de regarder la saison finale de Friends. Et là encore, on ne sait pas si elle sortira un jour de cet endroit ou si, une fois son visionnage terminé, elle osera partir à la recherche de ses parents.
Une fin ouverte aussi mystérieuse qu'osée qui ne plait donc pas aux spectateurs, mais que valide totalement Rumaan Alam, l'auteur du roman. Interrogé par Variety sur le manque d'happy ending avec des familles réunies, l'écrivain, également producteur du film, a répondu : "Mais est-ce que ça n'aurait pas été décevant ? C'est un film qui vous respecte suffisamment en tant que spectateur pour ne pas vous offrir ça." Et d'ajouter, "Ça ne se termine pas avec un câlin, parce que ce n'est pas ce genre d'histoire. Je n'ai pas de problème avec les films catastrophes qui voient six ou huit personnages principaux s'en sortir et se retrouver après le chaos, ce qui vous permet de vous dire 'Okay, tout ira bien'. Mais je ne pense pas que ce soit ce genre de film".
Surtout, Rumaan Alam s'avoue être le premier fan de cette séquence avec Friends qui n'existe pourtant pas dans son livre. "Pouvoir terminer avec cette petite pointe d'humour est tellement satisfaisant et plaisant, a-t-il indiqué. Sam a travaillé à la télévision, et ça lui permet de rappeler la puissance de ce medium."
Puis, l'auteur a tenu à spécifier que cette touche d'humour était parfaitement dosée pour qu'on ne la prenne pas de travers. "Je dis que c'est drôle, mais je ne considère pas ça comme une blague. Je ne pense pas qu'on rigole de Rose, qu'on se moque du public ou qu'on rit de Friends, a décrypté Rumaan Alam. C'est un rappel que l'art est une sorte de baume au coeur. J'ai eu la chance de pouvoir assister à la réaction du public à cette fin [le film a eu le droit à une sortie limitée au cinéma aux USA, ndlr] et à chaque fois, personne n'a su comme l'interpréter. Est-elle drôle ? Effrayante ? Est-ce vraiment terminé ? Et j'aime tellement ça".
De quoi permettre aux abonnés de Netflix de mieux appréhender cette fin ? Pas sûr...