Nanni Moretti n'est peut-être pas le cinéaste le plus connu aux yeux du grand public, mais l'Italien de 69 ans, à qui l'on doit des films comme La messe est finie, La Chambre du fils ou encore Le Caïman n'a clairement rien à envier à de nombreux collègues réalisateurs plus renommés, en attestent son Grand prix du jury à la Mostra de Venise (1981), son Ours d'Argent au Festival de Berlin (1986) ou encore sa Palme d'Or au Festival de Cannes (2001).
Aussi, quand le réalisateur a quelque chose à dire sur l'évolution de son métier, on est obligé de s'asseoir et de l'écouter. Et sans grande surprise, à l'instar de Quentin Tarantino, celui qui est aujourd'hui de retour dans les salles obscures avec son film Vers un avenir radieux, n'est pas très fan de la place occupée par les plateformes de streaming.
Interrogé par nos confrères d'Allociné sur son rapport avec Netflix & cie, Nanni Moretti a tout simplement confessé : "C'est une autre manière de voir des films, un autre rapport avec le spectateur." Selon lui, "Les plateformes, c'est pour les séries. Les films doivent se faire pour le cinéma. Tant qu'il y aura des cinémas ouverts, je ferai des films pour le cinéma."
Une vision un peu réductrice de son métier ? Oui, mais qu'il explique par une aversion de sa part envers le nouveau mode de consommation offert au public par ces sites de streaming : "Quand j'écris un film, je ne peux pas imaginer que je l'écris pour un gamin de 14 ans en train de le regarder sur son téléphone portable. Ca ne me vient pas à l'esprit." Aussi, c'est peu dire que le réalisateur n'a pas bien vécu l'arrivée de l'un de ses plus grands confrères sur Netflix en 2019.
"Quand, il y a quelques années, j'ai vu dans un journal que Martin Scorsese était en train de faire un film pour Netflix, en l'occurrence The Irishman, j'en ai éprouvé de la souffrance", a-t-il soufflé, déçu de voir son collègue sacrifier une oeuvre qui, pour lui, méritait d'être appréciée sur un grand écran. "Je crois qu'un film vu au cinéma et un film vu à la télévision, ce n'est pas du tout la même chose, a indiqué le cinéaste. Il y a des films qu'on voit au cinéma dont on sort gratifié, rempli... Je pense qu'avec le cinéma, il y a quelque chose de l'ordre de l'attention et de la tension."
Pour l'anecdote, Nanni Moretti n'est pas un boomer enfermé dans une vision dépassée de son métier. Il l'a assuré, sa porte est en réalité ouverte pour une collaboration avec une plateforme. En revanche, tout devra se faire sous ses conditions : "Si des plateformes veulent financer un de mes films, si elles veulent participer à la production, ok, tant qu'elles ne me cassent pas les c*****."
Le message est passé. De là à penser qu'il sera entendu, c'est une autre histoire...