Cannes et Quentin Tarantino, c'est une longue histoire d'amour. En 1994, Tarantino reçoit pour Pulp Fiction, son second long-métrage (seulement oui), le sésame ultime, surtout pour un cinéphile hardcore comme lui : la Palme d'Or. Hué dans la foule, il se marre, potache, et sort... un joli doigt d'honneur à ses détracteurs. Scène historique.
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Depuis, on a pas vraiment imaginé le Festival - dont la dernière édition s'est achevée ce 28 mai avec le sacre de la Française Justine Triet (Anatomie d'une chute) sans le réal' des Kill Bill et de Once upon a time in Hollywood. Cette année encore, Tarantino s'est d'ailleurs fait remarquer l'espace d'une très attendue Masterclass.
Mais sous le soleil cannois, il s'est également entretenu avec des compatriotes américains : les journalistes de Deadline. A ceux-ci, il a notamment décoché tout le mal qu'il pense de... Netflix.
Pourquoi tant de haine ? On écoute le maestro.
Pour Quentin Tarantino, les plateformes de streaming ne seraient pas bénéfiques au septième art. Pourquoi ? Car elles privilégieraient les succès économiques et les stars, bien au dessus des qualités artistiques à proprement parler. Et l'auteur de tacler : "Je veux dire, pour Netflix, Ryan Reynolds a juste gagné 50 millions de dollars sur tel film et 50 autres millions de dollars sur un autre film et il gagnera encore 50 millions de dollars sur le prochain film pour eux".
"... Mais c'est comme si tous ces films n'existaient même pas ! Je veux dire, qu'est-ce qu'un film de toute façon ? Est-ce juste quelque chose qu'on est censé voir sur Apple ?", épingle le cinéaste. Selon le réalisateur, en plus de perdre un brin en cinéphilie, c'est autre chose qui se voit menacé par le boom des sites comme Netflix, Prime Video, Apple TV+, Disney+ et consorts : "l'expérience-salle". Très importante à ses yeux.
Au cinéma s'opposerait donc le simple fait "de nourrir tout un réseau de plateformes de stream" ou de surtout miser sur "la diffusion d'un film à la télévision", plus que sur l'immersion du public dans l'oeuvre. On est loin du bête clash : le sujet lui tient beaucoup à coeur. Pour Tarantino, c'est l'avènement des plateformes de streaming qui l'aurait même convaincu... de stopper sa carrière. Rien que ça. Les cinéphiles en deuil.
Effectivement, le prochain film (très mystérieux) du cinéaste, The Movie Critic, devrait être son dernier. La fin d'une carrière composée de dix longs-métrages. "J'aime l'idée de tout donner pendant 30 ans et de se dire ensuite : OK, maintenant, ça suffit ", explique-t-il. Un ultime round pour Quentin ?