On connaît le sempiternel duo type "flic et voyou" : la rencontre improbable entre gangster et policier, si souvent illustrée dans le cinéma américain et français. Mais plongeons-nous à Hong Kong afin de célébrer comme il se doit un classique du thriller : Infernal Affairs, qui suit deux infiltrés perdus dans un vertige identitaire.
Trilogie initiée il y a 22 ans tout pile - elle n'a pourtant pas pris une ride - cette oeuvre d'Andrew Lau revisite à la fois le film d'enquête, le drame intimiste et le film de course-poursuite en plongeant deux protagonistes que tout oppose en plein questionnements métaphysiques. Qui des deux va débusquer le premier dans ce jeu de dupes ? Ca, vous le saurez en rattrapant ce grand film, gratuitement, sur ARTE !
Faux policier et vrai gangster, oui, mais surtout pure maîtrise : Infernal Affairs a sidéré son monde dès sa sortie, jusqu'à choquer... Martin Scorsese. Le cinéaste italo-américain est tombé raide devant ce chef-d'oeuvre du genre. Cinq ans plus tard, il délivrera carrément un remake : Les infiltrés.
Une revisite entrée dans l'Histoire puisqu'elle a valu à "Marty" son seul Oscar du meilleur réalisateur. Leonardo DiCaprio, Matt Damon et Jack Nicholson y rivalisent de talent. Mais si on (re)découvrait l'original plutôt ?
Ce que ARTE définit comme "un brillant thriller hongkongais, étourdissant duel du chat et de la souris sorti à une époque où la critique n'attendait plus grand-chose de bon du cinéma d'action hongkongais, remarquable par sa capacité hors norme à triturer les nerfs du spectateur" est aujourd'hui perçu comme un classique.
On comprend volontiers pourquoi. Parée d'une mise en scène inventive et d'un montage dynamique se jouant habilement des effets de reflets et de doubles, comme pour mieux faire entendre la confusion psychologique de nos protagonistes, d'interprétations solides et d'un rythme trépidant, le premier opus de Infernal Affairs rappelle que sur bien des points, le cinéma hongkongais fiche une jolie misère à notre filmothèque états-unienne.
Et cette trilogie, comme la filmographie de Tsui Hark, John Woo et Johnnie To, de façonner tout un nouveau regard sur le cinéma d'action dit "musclé", le film noir et le polar. Audacieux, extrêmement nerveux, organique et cérébral à la fois. Oui, vu ainsi, on comprend largement pourquoi le réalisateur des Affranchis et de Casino en est ressorti admiratif.