Un monument du journalisme français s'en est allé. Jean-Pierre Elkabbach, devenu célèbre pour ses interviews politiques régulièrement musclées, est mort le mardi 3 octobre 2023 à l'âge de 86 ans.
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Au cours de ses 60 ans de carrière, il a marqué de son empreinte l'histoire de la télévision et de la radio. De ses débuts dans les années 70 à la matinale d'Europe 1 et plus récemment CNews, celui qui a interviewé les plus grands chefs d'Etat et stars de la politique a su traverser les générations. Bon nombre de ses entretiens ont marqué les esprits. C'est notamment le cas de celui avec Bernard Tapie dans l'émission Repères le 7 novembre 1993 sur France 3.
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Le ton est monté lorsque Jean-Pierre Elkabbach s'est penché sur la vision internationale de son invité. "Vous voyagez beaucoup, vous avez une vision internationale. Les Anglais, quand on les attaque, ils se redressent avec une certaine fierté nationale. Les Allemands, au plus fort de la récession et des difficultés de la réunification, ils s'adaptent et se réorganisent. Ils ont confiance en eux. Pourquoi les Français - et comment on peut le combattre - hésitent de temps en temps entre la rébellion et puis l'abattement ? Comment on peut les doper ?!", a-t-il lancé.
"J'ai envie de vous dire. Euh... Je ne vais pas vous dire parce que vous allez trouver que c'est des conclusions désagréables pour nous 2...", a répondu Bernard Tapie avant que le journaliste l'interrompe : "Vous êtes vraiment maso ! Vous faites semblant...". Piqué au vif, celui qui était alors président de l'Olympique de Marseille a répliqué : "Voyagez un peu plus ! Vous verrez que la France ne ressemble pas à ce que vous dites !".
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Une remarque que Jean-Pierre Elkabbach n'a pas supportée. "Le jour où vous serez allé en Chine, en Russie ou en Amérique Latine aussi souvent que moi...", s'est-il emporté avant que Bernard Tapie hausse le ton : "Je ne vous demande pas d'aller en Chine ! Allez à Pau, à Orthez, à Lorient... Arrêtez de lire les journaux et vous verrez qu'ils ne sont pas du tout ce que vous êtes en train de dire !".
"Ils y croient, ils ont envie. Ils demandent qu'une chose : c'est qu'on les raconte tel qu'ils sont ! C'est-à-dire avec beaucoup d'ambition, beaucoup de projets. Beaucoup sont prêts à faire des choses. Simplement il faut que les institutions aient compris qu'ils ne sont pas là à attendre l'aumône. Les petits artisans, vous savez ce qu'ils veulent : qu'on leur prête un peu d'argent par exemple", a-t-il tapé du poing sur la table.