Tu as dû remarquer que la parole se libère de plus en plus pour dénoncer le sexisme sur Twitch. Et tant mieux. L'an dernier encore, la streameuse Nat'Ali, victime de cyberharcèlement, dénonçait d'ailleurs cette réalité infernale auprès de BFM : "Il y a des remarques insistantes sur le physique, des insultes, de l'objectification... On va très vite me ramener à mon rang de femme parce que j'ai des seins et un vagin".
La vidéaste et streameuse Jeel peut témoigner de ce sexisme bien trop banalisé, si banalisé d'ailleurs qu'il nous envahit non seulement le chat Twitch mais touche aussi... Aux sponsos. Car oui, parmi les demandes de partenariats que reçoivent régulièrement les vidéastes, et que gèrent généralement leurs agents, certaines sont lunaires au possible. Hors sol, absurdes, what the fuck... Voire carrément insultantes.
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Et tout cela, Jeel nous le raconte dans une vidéo au titre éloquent : "les PIRES demandes de partenariats que j'ai eues". Au moins, c'est clair. Et rien d'exagéré là-dedans : oui oui, on ressent bien le "pire" de la chose. Aspirateur, sextoys ou même... bandes collantes pour les seins. Il y a beaucoup, beaucoup à dire.
"J'ai eu d'excellents partenaires mais j'ai aussi reçu des propositions vraiment gratinées sa mère", démarre Jeel. Très prometteur. Parmi elles ? Faire la promo d'un aspirateur. Plus précisément : le promouvoir à travers toute une série de posts TikTok juste pour... Recevoir l'appareil ménager gratuitement au final. Sans autre forme de rémunération. Oui oui. Pas forcément la plus grande hype du monde, même pour les fans de C'est du propre.
Réponse de la marque auprès de l'agent de la vidéaste - qui a évidemment décliné "l'offre" ? "C'est une honte ! Je n'ai jamais vu ça. Qui refuserait d'avoir cet aspirateur dans ce monde ? Non mais sérieux, pouvez-vous raisonner ces influenceuses, franchement, elles se prennent pour qui ?". Charmant.
Mais Jeel a aussi reçu des propals incitant à sexualiser son corps et son contenu. Il y a bien sûr la traditionnelle requête d'une marque de "jouets pour adultes", invitant dans son pitch la streameuse à dire à ses followers qu'elle va... "très bien s'amuser après le stream". Comprendre : tester le sextoy. La subtilité est folle.
Et là, on est encore loin de l'enfer. La vidéaste évoque dans ce genre une proposition pour le moins... Particulière. Oui, pire encore.
"On passe à un partenariat gratiné, audacieux, voire très audacieux : on m'a proposé de faire la promotion de bandes collantes pour... remonter le balcon". Argument phare de la marque ? "C'est bien connu, c'est la technique favorite des streameuses". Mais quelle technique alors ? "Montrer nos eins' en vidéo, en stream", déplore Jeel. "Il aurait donc fallu montrer ses petits nichons en vidéo ou en live, ce qui n'est pas grave, car c'est bien connu, dixit la marque, ces bandes 'cachent tout'. C'est lunaire comme proposition...".
On reconnaît dans ces réflexions-là ce qui envahit le monde pas si moderne de la pub : des stéréotypes de genre bien ancrés (... dans les années cinquante), du sexisme ordinaire et un manque de tact légendaire. Autrement dit, tout ce que l'on retrouve sur un foisonnant compte Twitter justement dédié au sexisme dans la pub, et intitulé "Pépite Sexiste" : on ne peut que te le recommander si tu aimes savoir jusqu'où la honte et les clichés peuvent aller. Et des pépites sexistes, il y en a plein dans ce récap très salé de Jeel.
Mais tout ça en dit tout aussi long sur le sexisme que subissent les streameuses.
D'ailleurs dans les commentaires de la vidéo, les internautes soutiennent la vidéaste : "Quand j'ai entendu la numéro 1, j'ai eu l'impression d'entendre un mécanisme similaire à ce que vivent les femmes abordées dans la rue : "Hé madame !, tu es belle !... quoi tu me réponds pas ? ... salo** !", "Le monde de YouTube et du stream est dur pour les femmes donc force à toi de continuer parce que ces partenariats sont quand même un scandale", "Franchement gros respect pour supporter ce genre de trucs au quotidien".
Mais si Jeel n'hésite pas à dénoncer ces choses dans ses publications, elle aimerait généralement, conclut-elle dans cette vidéo, ne pas être réduite (dans les articles par exemple) à quelqu'un "qui a un putain de vagin entre les jambes" : qu'on l'incite à expliquer ses passions, son parcours, plutôt que d'aborder systématiquement le cyberharcèlement ou la condition des femmes quand il est question d'elle. Car pourquoi ne résumer les streameuses qu'au sexisme qu'elles subissent ?... Une réflexion super intéressante pour qui suit la vidéaste.