Deux demi-frères cyniques et losers déchirent l'acte d'affranchissement ayant libéré leurs ancêtres esclaves - seul héritage de leur père antillais. Un sortilège va les projeter des siècles en arrière et leur faire regretter leurs actes. Ca, c'est le pitch improbable de Case Départ, dont l'intention l'est tout autant : nous faire rire de l'esclavage.
Plus de dix ans après son succès en salles, la comédie du duo Fabrice Eboué / Thomas Ngijol est toujours aussi ravageuse. Elle fait même le bonheur des abonnés Netflix, qui ont propulsé cette très grinçante satire en numéro un des films les plus visionnés du moment. Oui oui, même devant Bird Box : Barcelona !
Mais est-ce vraiment si étonnant que ça ?
Le petit plus de Case Départ, c'est sa dimension d'ovni dans le monde de la comédie française. Là où la majorité des gros succès du genre croient dénoncer le racisme en en riant, valorisant en vérité les blagues les plus franchouillardes (revoir Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu... Ou pas), cette potacherie se réapproprie un sujet tabou - pas celui qui se retrouve le plus mis en avant dans la culture française, c'est rien de le dire - pour mieux dénoncer le racisme d'un système bien actuel. Et ce, sans jamais forcer la complaisance.
Car les deux demi frères au coeur du film sont des personnages très mauvais esprit, amoraux, profondément antipathiques, et assumés comme tels. Aucune volonté chez les auteurs d'excuser leur bêtise, même au gré des péripéties malheureuses qu'ils vont vivre. C'est ce qui rend cette comédie si grinçante d'ailleurs. Une intention qui renvoie aux meilleurs gags du Inside Jamel Comedy Club, faux making of de plusieurs épisodes où Fabrice Eboué et Thomas Ngijol ont peaufiné ces personnages-là : cyniques, imbus d'eux mêmes, ridicules.
Et comme le Inside, qui était coscénarisé par Blanche Gardin, Case Départ n'hésite jamais à faire grincer des dents. Résultat ? A sa sortie, la presse en redemandait à l'unanimité : "le thème du racisme n'aura sans doute jamais été aussi fouillé par une comédie", "un film dépaysant, ambitieux et surtout très drôle", "c'est la comédie française de l'été", "Eboué et Ngijol évitent de tomber dans l'écueil des lourdingues galéjades à la française", "un film se situe trois crans au-dessus de la production comique made in France".
Et si on (re)découvrait ce classique ? Direction Netflix.