Docteur Frankenstein raconte comment ce dernier est amené à créer l'une des créatures les plus terrifiantes du 7ème art. Le titre du film (Victor Frankenstein en VO) est cela dit trompeur puisque ce n'est pas du point de vue du professeur que sont racontées ces origines, mais à travers le regard d'Igor. Une approche inédite et rafraîchissante, portée par l'ancien Harry Potter, Daniel Radcliffe, convainquant et attachant en assistant - et ex-bête de foire - qui voue une admiration sans faille pour le Docteur Frankenstein sans qui il ne serait qu'un simple bossu. Malheureusement, il va vite découvrir que le monstre n'est pas celui qui se trouve sur le billard.
James McAvoy n'est peut-être pas le véritable héros de cette nouvelle adaptation. Sa prestation n'en reste pas moins géniale. Il ne faut que quelques minutes à l'acteur britannique pour nous faire oublier son rôle de Charles Xavier dans X-Men et nous transporter dans son univers aussi extravagant qu'inquiétant. Le comédien incarne à la perfection ce génie incompris et totalement fou, obsédé par la vie et la mort (le film explique d'ailleurs pourquoi), et prêt à tout pour réaliser ses fantasmes morbides. James McAvoy saupoudre le tout d'une touche d'humour et d'insolence, qui nous rappelle parfois le Sherlock Holmes de Robert Downey Jr.
Docteur Frankenstein racontant ce qui se passe avant la naissance du célèbre zombie aux pulsions meurtrières de Marie Shelley, il fallait à ce duo très alchimique un antagoniste de taille pour patienter. Et qui de mieux qu'un inspecteur de Scotland Yard, aveuglé par sa foi et qui rejette toute forme de science, pour mettre des bâtons dans les roues de nos deux apprentis-dieux. Un rôle campé par le tout aussi effrayant Andrew Scott, dont les talents de psychopathe ne sont plus à prouver depuis son interprétation du professeur Moriarty dans la série Sherlock.
La mise en scène et les décors de Docteur Frankenstein ne sont enfin pas non plus en reste. Au gré des voyages de Daniel Radcliffe et James McAvoy, le Londres Victorien en met plein la vue (par les biais de prises de vue réelles et d'images générées par ordinateur) au point qu'on pourrait presque sentir la vapeur de l'ère pré-industrielle nous caresser gentiment le visage à chaque plan. Mais attention, le long-métrage de Paul McGuigan reste avant tout une production sombre - certes alimentée au 10.000 Volts. Au programme donc : des séquences fantastiques à l'atmosphère lourde, avec un soupçon d'horreur et d'humour suffisant pour être diverti !