Si le Rassemblement National est arrivé en tête des élections européennes 2019, chez les 18-24 ans, c'est en revanche Europe Ecologie-Les Verts qui prend la première place avec 25% des suffrages selon un sondage Ipsos / Sopra Steria réalisé du 22 au 25 mai auprès de 5 433 personnes. Un chiffre qui grimpe jusqu'à 28% chez les 25-34 ans. A l'inverse, 9% seulement des 60-69 ans et 5% des 70 ans et plus ont soutenu le parti représenté par Yannick Jadot. En clair, les jeunes se préoccupent beaucoup plus de notre planète que les "vieux".
Interrogé par France Info sur ce succès surprise pour certains observateurs politiques, la tête de liste du parti écolo a d'ailleurs salué les jeunes électeurs et leur apport dans ces résultats : "la jeunesse c'est l'avenir. Cette jeunesse qui s'est mobilisée, c'est notre plus belle surprise, notre plus bel enthousiasme".
Si les raisons pour lesquelles les jeunes ont privilégié les Verts sont certainement multiples, l'effet du mouvement lancé par Greta Thunberg n'y est probablement pas pour rien. Depuis des mois, à l'initiative de la jeune militante suédoise de 16 ans, des collégiens, lycéens et étudiants défilent chaque vendredi dans toute l'Europe. Le 15 mars dernier, entre 29 000 et 40 000 jeunes s'étaient par exemple réunis pour demander au gouvernement français d'ouvrir les yeux sur l'état de la planète. Et si beaucoup préféraient rire des slogans WTF des jeunes lors de cette Marche pour le climat, ces résultats semblent confirmer un intérêt réel pour cette cause. Un intérêt en progression puisque les 18-24 ans avaient voté à 30% pour Jean-Luc Mélenchon et 21% pour Marine Le Pen à la présidentielle de 2017.
Alors que des sondages prévoyaient que 58% des jeunes iraient voter, les 18-24 ans ne sont finalement que 39% à avoir glissé un bulletin dans l'urne. Un score plus faible que la moyenne nationale (51,3%), mais en hausse par-rapport à la précédente élection européenne où cette même catégorie ne comptait que 27% de votants.
Là aussi, plusieurs explications peuvent être avancées. Le mouvement des gilets jaunes et le grand débat qui en a découlé ou la marche pour le climat (encore) pourraient notamment avoir permis aux jeunes de s'intéresser à la politique et de faire enfin entendre leur voix ailleurs que sur les réseaux sociaux ou dans la rue.
Malgré une très grande majorité apparente de tweets, posts Facebook ou stories Snapchat ou instagram se désolant de la première place du Rassemblement National, une réelle partie des jeunes électeurs est elle aussi derrière le parti de Marine Le Pen. Le RN totalise 15% des votes chez les 18-24 ans, et même 20% chez les 25-34 ans. Un score élevé, mais légèrement inférieur au résultat réalisé par le mouvement d'extrême droite auprès de l'ensemble des votants (23,31% des suffrages) à cette élection. Un pourcentage également en baisse par-rapport à la présidentielle (21%).
Qu'en retenir ? Que malgré une utilisation très forte de la part des jeunes, les réseaux sociaux ne reflètent pas forcément la réalité et la globalité des opinions des jeunes Français. Le milieu social et le niveau d'études serait également à prendre en compte selon le politologue Daniel Boy, interrogé par Le Parisien : "Les jeunes qui votent écolo sont plutôt des jeunes de milieux aisés, étudiants et diplômés, alors que les jeunes des classes populaires vont avoir tendance à plus voter pour le Rassemblement national".
Le récap des résultats des élections européennes par HugoDécrypte en vidéo :