Comment se construit une autocratie ? Pourquoi ses citoyens s'acclimatent-ils si vite à la chose ? Comment expliquer la dictature hitlérienne ? Et les grandes répressions de bien des régimes totalitaires ?
Autant de questions vertigineuses qui pourraient tout à fait trouver leurs réponses... dans un simple cours d'histoire. Et pourquoi pas, à travers une expérience sociale ? Comme celles qui pullulent sur YouTube, à grands coups de vlogs immersifs et "ludiques" adressés aux plus jeunes audiences. Ca, c'est précisément le concept d'un film qui a bousculé l'Allemagne : La vague, repéré à la fin des années 2000 au festival de Sundance.
L'histoire d'un prof de lycée qui va animer un atelier sur le thème de l'autocratie en décidant d'initier un "jeu de rôles" grandeur nature auprès de ses élèves. Comment ? En créant un mouvement, et en laissant ses auditeurs prolonger le geste... Une simulation du totalitarisme qui sans surprise va tourner mal. Très mal. Le résultat donne un film choc à (re)découvrir gratuitement en replay sur plateforme 6play !
Et qui mériterait d'être projeté dans les écoles...
Ce synopsis forcément accrocheur du réalisateur et scénariste Dennis Gansel rappelle un autre grand film allemand, tout aussi traumatisant : L'expérience, d'Oliver Hirschbiegel, metteur en scène de La chute (le portrait "plus vrai que nature" d'Adolf Hitler). L'expérience relatait à l'unisson un "jeu de rôles" où des quidams incarnaient des gardiens, et leurs camarades des prisonniers. L'idée ? Saisir les mécanismes de l'environnement carcéral et surtout, ceux de la psychologie humaine dominant/dominé.
Une tout autant mauvaise idée !
Le film La vague, à l'instar du cours mené par le professeur au sein du récit, nous démontre par A + B comment un simple processus politique peut engendrer mécaniquement discriminations, violences idéologiques et physiques, "camps" antagonistes. Et ce, dans un bahut comme les autres. A travers l'enthousiasme, puis les conflits de plus en plus inquiétants des élèves, c'est la complexité des mouvements historiques qui s'esquisse. Culte du leader, influence des jeunes esprits, psychologie de groupe, autoritarisme...
Comme s'il y avait, dans notre société, un caractère inévitable du fascisme, et une incapacité à ne pas s'engouffrer dans les mêmes voies, malgré les leçons du passé. On le comprend : c'est une réflexion hélas toujours aussi actuelle. Surtout que ce film choc s'inspire certes d'un roman - signé Todd Strasser - mais aussi d'un fait réel : dans les années soixante, un prof d'histoire du lycée Cubberley à Palo Alto (Californie) s'est réellement laissé aller à une telle "pédagogie" pour bousculer les esprits de ses élèves...
A l'inverse, on imagine très bien des professeurs projeter La vague pour faire comprendre à leurs classes tout ce qu'avait voulu transmettre, à l'origine, l'instit' vite dépassé du film... Vous avez dit "méta" ?