Depuis le 16 mars 2020, les écoles sont fermées en France à cause du coronavirus. Et parmi, il y a les Instituts de formation en soins infirmiers. Alors que le bac 2020 sera 100% basé sur le contrôle continu, les stages pour les étudiants infirmiers ont été maintenus malgré la fermeture des établissements. Pire, ils se retrouvent mis en première ligne dans les hôpitaux, dans les unités Covid (au lieu de leurs unités de stage prévues comme la chirurgie, la cardiologie ou encore la rééducation).
Pour rappel, le gouvernement avait lancé le plan blanc le 14 mars 2020, lorsque le pays est passé en stade 3 de la pandémie. Les hôpitaux peuvent ainsi demander de l'aide aux soignants comme des retraités, des médecins de villes, des infirmières libérales... Mais toutes les personnes réquisitionnées sont supposées être professionnelles, pas des étudiants encore en formation.
La FNESI (Fédération Nationale des Étudiant.e.s en Soins Infirmiers) a ainsi expliqué à BFMTV que "ces stages n'ont plus rien de pédagogique. Les étudiants ne sont pas encadrés parce que le service est sous l'eau, et leurs missions ne sont plus du tout les mêmes qu'un stage classique".
Non seulement ces étudiants infirmiers galèrent dans les unités Covid qu'ils n'ont pas étudié mais, en plus, ils se retrouvent donc face aux malades du Covid-19 tous les jours, risquant ainsi la contamination. Et ils sont payés une misère, comme l'a précisé le site de BFM : 28 euros par semaine pour celles et ceux en 1ère année (0,80 euros de l'heure), 38 euros pour les 2ème année (1,08 euros de l'heure) et 50 euros pour les 3ème année (1,40 euros de l'heure).
Un étudiant infirmier a dénoncé à Sud Ouest ce salaire minable pour un travail dangereux qui n'est pas censé être le sien. Dans un tweet, le journal indique : "Statut : étudiant infirmier. Mission : renfort aide-soignant. Il est rétribué autour de 50 euros la semaine".
Une étudiante infirmière a elle aussi poussé un coup de gueule sur Twitter. Celle qui se fait appeler @Marianne_Adkins sur le réseau social a déclaré : "Vous trouvez normal qu'en tant qu'étudiante infirmière, on se retrouve à être réquisitionnée pour faire aide-soignante dans les services Covid, tout ça pour être payées 1,40 euro de l'heure ?".
Un grand-père dont la petite-fille a elle aussi été réquisitionnée alors qu'elle est étudiante s'est aussi plaint mais à BFMTV : "Elle devait faire son stage dans un hôpital de Normandie. On lui a dit qu'elle était réaffectée dans un autre hôpital de la région, à 90 kilomètres de là, en soins palliatifs. Et en dépit des horaires élargies, de la pression, des horreurs qu'elle va y voir, sa rémunération reste celle prévue pour son stage initial, de 35 euros la semaine".
Ces problèmes en causent aussi d'autres. A cause de ce traitement, beaucoup d'étudiants infirmiers ressentent un véritable "sentiment d'humiliation", comme l'a avoué Mathieu (qui est en 3ème année) à France Info. "On est envoyé en première ligne et on nous méprise. On a l'impression de ne rien valoir. C'est gentil de nous remercier, de nous dire que l'on est des héros, mais ce n'est pas cela qui nous fait vivre" a-t-il déploré.
Il est donc content que, malgré certains voisins qui envoient des messages odieux aux soignants, la majorité des Français les soutienne en les applaudissant aux balcons à 20 heures ou en faisant des dons aux hôpitaux. Mais toutes ces bonnes actions ne les aident pas à pouvoir se payer à manger. Donc "cela exacerbe le sentiment que notre passion est exploitée contre nous" a-t-il ajouté, "on nous dit : t'as envie d'aider, ben tu le fais gratuitement, ou pour 50 euros par semaine".
Félix Ledoux, président de la FNESI, a même révélé à Sud Radio : "On doit aussi se payer son repas du midi, et 1,40 € de l'heure ne le permet même pas". Il faudrait donc davantage d'initiatives comme les jeunes de Sartrouville et certains chefs cuisiniers à Paris qui livrent des paniers repas pour les soignants.
A ce soucis d'argent et de job, il y a en plus "un manque de matériel, de protection, de masques". "'On en manque pour les professionnels, donc vous n'en aurez pas' leur dit-on" a-t-il même confié, et c'est la "même chose pour les tenues professionnelles, les étudiants sont marginalisés, on leur demande de les laver chez eux. Les conditions d'hygiène laissent à désirer".