Les retardataires connaissent peut-être davantage Pierre Niney pour ses partitions dramatiques à l'écran : les trépidants Un homme idéal et Boîte noire, le romanesque La promesse de l'aube, ce petit bijou de romantisme qu'est Frantz, l'un des meilleurs films de François Ozon, à retrouver sur Netflix...
Mais à l'origine, Pierre Niney, c'est une force comique, de la série Castings diffusée sur Canal à la comédie Five. Il l'a encore démontré ces dernières années, déroulant de La flamme à LOL : qui rit sort une dérision qui n'appartient qu'à lui. On pensait tout savoir du Pierre Niney drôlatique, celui qui vous fatigue les zygomatiques à force d'esclaffades : on avait tort. C'est dès aujourd'hui que sa performance la plus irrésistible est à découvrir.
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Car Pierre Niney est à l'affiche du nouveau film de Michel Gondry, Le livre des solutions, à découvrir en salles dès ce 13 septembre. Et il y délivre, incontestablement, la plus drôle de ses performances.
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Dans Le livre des solutions, oeuvre très autobio du réalisateur de Eternal sunshine of the spotless mind, Pierre Niney joue Marc. Marc est un cinéaste qui, pour fuir le massacre de sa dernière oeuvre par ses producteurs, décide de décoller dans un petit village des Cévennes. Accompagné de son équipe, il décide de retravailler son art, à sa manière, avec beaucoup, beaucoup de bricole. De folie. Et de "solutions" qu'il écrit dans un cahier.
Marc réveille son équipe jour et nuit pour des broutilles. Balance des vérités définitives comme autant de slogans Instagram, type : "il ne faut jamais écouter les autres". Déteste son caméraman, Carlos, car "il est con et il tousse" - et effectivement, Carlos tousse tout le temps. Est persuadé qu'il faut monter son film à l'envers. Veut dédier un documentaire à une fourmi - oui, une seule. Et un dessin animé à un renard qui se rend dans un salon de coiffure. Seule sa tante, débordant de tendresse, peut prétendre lui faire garder les pieds sur terre.
Dans Le livre des solutions, Pierre Niney délivre un one man show : il joue avec son corps comme un héros burlesque, balance les plus grandes absurdités avec un aplomb considérable, bouge comme un hyperactif, déploie un jeu constamment dicté par le décalage - avec son environnement, la réalité, la logique. Et ça fait mouche. L'acteur fait rire autant qu'il étonne, énerve, émeut. Tant et si bien que pour une partie de la critique, Niney marche carrément sur les pas de Jim Carrey, ce génie comique au grand talent dramatique.
Toujours sur le fil, "son" Marc amuse et angoisse à la fois. Sujet à des troubles psychiques, névrosé, angoissé, Marc est clairement malade. Son cerveau est à l'image de la maison qu'il achète pour y loger sa monteuse (Blanche Gardin) : en ruines, déplorable. Pourtant, son dynamisme et l'inventivité d'un film aussi en vrac que lui confèrent à tout cela une énergie monstre. Trop en dire reviendrait à gâcher les meilleurs gags.
Le film le plus accessible de Michel Gondry, la comédie la plus drôle de Pierre Niney : un joli jackpot. Et un ovni sur lequel foncer séance tenante.