La pluie, la nuit qui tombe plus vite que les cheveux de Rafael Nadal, les températures qui baissent, Halloween... Pas de doute, on est en automne. Une période toujours déprimante et angoissante où l'on aime, sans trop savoir pourquoi, en profiter pour se faire peur. Et ça tombe bien, l'éditeur Omake vient de sortir LE manga parfait à lire en cette fin d'année pour frissonner de plaisir. Son titre ? Happy Land.
Dans ce manga en deux tomes signé Shingo Honda, on y suit la descente aux enfers de la famille Komiya qui, en apparence, a tout de la famille idéale, à savoir : des parents qui s'aiment, des enfants brillants à l'école, des relations soudées... Pourtant, tout va exploser quand elle va débarquer par hasard, comme plein d'autres tribus, à Happy Land, un parc d'attractions extrêmes destiné à faire voler en éclat les faux-semblants et permettre les révélations de certains secrets.
Pour faire simple : Shingo Honda nous livre une oeuvre dans la veine de ce qui se fait de mieux aujourd'hui dans le genre, que ce soit en séries (Squid Game) ou en mangas (Alice in Borderland). Autrement dit, le mangaka fait ici preuve d'une imagination débordante où le mot "limite" semble interdit, ce qui lui permet de donner vie à un antagoniste aussi fascinant que puissant, mais surtout, à un sadisme si dérangeant qu'il en devient jouissif.
A travers l'idée même de Happy Land (les personnages doivent résister aux attractions mortelles et s'avouer leurs secrets pour survivre), l'artiste se permet de créer des épreuves aux concepts riches en surprises, twists et horreurs. Très clairement, cela faisait longtemps que l'on n'avait pas autant pris notre pied devant un survival tant notre empathie pour le calvaire vécu par les personnages est aussi élevé que la cruauté mise en scène dans ces pages. Vous ne regarderez plus les grandes roues, les auto-tamponneuses ni même les simples tasses qui tournent de la même façon après cette lecture. Tout est détourné et matière à traumatisme !
On n'en dira pas plus pour ne pas gâcher la surprise, mais si cette oeuvre ne réinvente rien, elle a malgré tout le mérite de rafraîchir un genre pourtant déjà bien usé depuis plusieurs années. L'ambiance qui se dégage de cette histoire bascule régulièrement entre le gore lié aux meurtres et le malaise causé par les révélations obligées des personnages dans un jeu d'équilibriste parfaitement géré. Contrairement à ses apparences, Happy Land n'est pas seulement bourrin et cliché, c'est également une bonne satire de la société japonaise et des masques que le peuple s'inflige pour éviter les jugements. Bien plus malin qu'il n'en a l'air et c'est ce qui fait toute sa force avec un propos d'une certaine épaisseur !
Alors attention, Happy Land n'est pas LE chef d'oeuvre absolu du genre. Le dessin de Shingo Honda est un peu grossier par instant, l'intrigue est certes jouissive mais également très balisée, les différents twists peuvent souvent se deviner par avance et son propos est écrit avec de gros sabots.
Cependant, le manga n'en est pas moins extrêmement kiffant et divertissant, la force notamment à un concept qui sait nous surprendre en allant au-delà de la superficialité habituelle pour ce type d'histoires et à une imagination inépuisable. Surtout, avec seulement deux tomes au compteur, Shingo Honda ne s'amuse pas à étirer inutilement l'intrigue en longueur, ce qui fluidifie le récit et nous immerge plus facilement. A lire absolument pour cette fin d'année.