Qui a dit que Netflix n'adaptait en série que les mangas ou anime cultes du Japon. Si la plateforme nous a effectivement offert Cowboy Bebop et s'occupe actuellement de One Piece, elle est également ancrée dans l'univers du jeu vidéo. Ainsi, après The Witcher et Arcane, place désormais à Resident Evil, saga d'horreur emblématique de Capcom.
Créée par : Andrew Dabb
Avec : Lance Reddick, Ella Balinska, Tamara Smart et Paola Núñez.
Format : 8 épisodes, durée d'une heure.
Dispo sur : Netflix.
En 2038, le monde a été détruit et l'humanité ravagée par le virus T. Seuls 300 millions d'humains sont encore vivants et font aujourd'hui face à six milliards de monstres/zombies et autres créatures flippantes. Umbrella, l'organisation à l'origine de ce chaos, domine désormais le reste du monde, tandis que Jade - la fille d'un scientifique responsable de précédentes expériences qui ont mal tourné, tente de la détruire et de trouver une solution afin de vivre avec ces morts-vivants.
Même si la série n'est pas liée à l'univers cinématographique portée par Milla Jovovich, elle possède néanmoins un point commun : elle non plus n'est pas du tout subtile dans son écriture. Clairement, ne vous attendez pas à du Better Call Saul, Ozark ou même Game of Thrones dans les dialogues et le traitement des personnages tant on a le droit à une succession de clichés frustrants avec des héros qui font et disent exactement ce qu'on attend d'eux. Attention, ça se regarde, mais ça ne révolutionne tellement rien que la série pourrait avoir été écrite il y a 15 ans que ça ne nous surprendrait pas.
Malgré tout, l'écriture possède un avantage particulièrement appréciable : elle est construite sur deux temporalités. De fait, là où The Walking Dead se concentre uniquement sur le nouveau monde avec ce côté survival, ce qui est plus que répétitif avec un schéma narratif qui n'évolue pas, Resident Evil n'hésite pas à nous amener dans le passé (en 2022) au moment de la fuite du virus et dans le présent (2038) dans un monde en ruine. Cela nous fait comprendre que cette épidémie est importante aux yeux des scénaristes et que l'on peut espérer un vrai fil rouge à son sujet (secrets dévoilés, twists...) avec une montée en puissance des enjeux. Découverte d'un vaccin façon World War Z ? D'une cohabitation ? D'un nouveau plan machiavélique d'Umbrella ? Tout est possible et ça apporte une vraie excitation.
En revanche, cette bonne idée est aussitôt ruinée par une mise en scène pompeuse. On le sait, jouer sur deux temporalités c'est prendre le risque de déstabiliser le format et Resident Evil ne produit malheureusement pas de miracle. On a donc le droit à un rythme lourd où l'intrigue principale souffre continuellement de pauses afin d'introduire les flashbacks de façon maladroite. Autant dire qu'on lâche très facilement quelques soupirs de frustration quand on assiste à ces retours en arrière alors même que l'on aimerait voir l'intrigue se poursuivre. Et bizarrement, on s'y habitue pas.
Après tout ça, on vous rassure, cette énième adaptation live-action de Resident Evil n'a pas que des défauts. Si la série ne révolutionne absolument rien, elle reste tout de même un bon divertissement. Les effets spéciaux sont plus que convaincants, le casting apporte ce qu'il faut pour nous attacher et la réalisation est nettement plus dynamique/actuelle que The Walking Dead. Ici, impossible de s'endormir, l'action nous tient en haleine et même si les ficelles sont toujours grosses, le spectacle n'en reste pas moins réjouissant. Et c'est déjà pas mal.
Si vous attendiez de ce Resident Evil une série horrifique capable de vous prendre par les tripes et vous faire cauchemarder comme certains jeux vidéo, vous allez être déçu. En revanche, si vous espériez de cette adaptation un projet pop-corn Hollywoodien pas prise de tête qui fait le job en nous plongeant dans un univers passionnant, alors vous serez comblés. Encore une fois, aucune révolution n'est au programme ici, mais on ne regrette pas non plus le temps passé devant. Mieux, on est même ouvert à l'idée d'en voir plus. Un "guilty pleasure" avec ses défauts qu'on assume.