Purebreak : Avant de découvrir l'album "Cosmopolitanie", on avait vu ce petit smiley envahir les réseaux sociaux, tu peux nous raconter d'où il vient ?
Soprano : A chaque album, on a eu un concept, un truc unique. Il y a eu la colombe, le corbeau... et maintenant je voulais un symbole : un smiley avec le sourire mais une larme quand même, et plein de couleurs. C'est tout simple mais c'était exactement le concept de l'album !
On a malheureusement l'habitude de mettre des rappeurs dans des cases : il y a le rap marrant des Casseurs Flowters, le rap dur de Booba ou Rohff, le rap oldschool d'IAM... Et cet album, on n'arrive pas à lui mettre une étiquette tant les titres sont différents. C'est ce que tu espérais avec ta "Cosmopolitanie" ?
C'était totalement le concept que je voulais. Peut-être qu'un fan de rap n'aimera que Préface, qu'une maman n'aimera que Mélancolie... A partir des 43 titres que j'avais écrit, j'ai voulu trouver un équilibre où chaque morceau est différent de l'autre. Et chacun représente les couleurs de la Cosmopolitanie. J'ai fait tellement de featurings différents dans ma carrière que ça m'a aidé à faire un disque comme celui là.
Depuis le début de ta carrière, tu mélanges les genres dans ta musique...
Depuis le début je dis que j'ai envie de faire de la musique pour tout le monde. J'ai grandi en écoutant Michael Jackson et c'est exactement ce qu'il voulait. Mais aussi simplement ce que je suis. Si tu regardes dans mon iPod, tu trouves autant London Grammar que Michael Jackson, Jay Z, Kaaris, Coldplay, Bruno Mars... Avant c'est vrai que j'avais un peu moins confiance en moi et j'osais moins. Aujourd'hui, je me suis autorisé à faire des chansons que je rêve de faire depuis longtemps.
Parmi les titres forts de cet album, il y a le morceau Clown où tu chantes "ce soir je suis payé alors je remets mon nez rouge" même si ça ne va pas : est-ce que tu as l'impression qu'en tant qu'artiste, tu ne peux pas te permettre de montrer les moments où ça ne va pas ?
Ca dépend des situations. En concert, les gens qui ont acheté leur place, ont attendu des mois et des mois pour venir te voir, tu n'as pas le choix : tu montes sur scène, tu souris et tu fais le show. Je me souviens de Kanye West qui est monté sur scène, en larmes, le soir où sa maman est morte... Quand tu es artiste, tu es souvent obligé de garder le masque et de faire ton boulot. Mais je crois que beaucoup d'autres gens connaissent cette situation lorsqu'ils vont au travail, lorsque des couples restent ensemble pour leurs enfants...
Il y a dans cet opus plusieurs titres où tu parles d'amour, de sentiments comme Ti Amo, Mélancolie, Luna... Je me souviens de Disiz qui racontait que mettre un coeur sur la pochette de "Transe Lucide" et parler d'amour dans sa musique était une vraie bataille face aux critiques. Tu ressens la même chose ?
Je suis totalement d'accord avec Disiz. Après moi j'ai eu de la chance, dès le début dans le premier album de Psy 4 on avait fait la chanson A coeur ouvert et on me posait déjà ces questions. C'est vrai qu'aujourd'hui à l'heure où un rap très dur est mis en avant, c'est plus difficile de faire une chanson où tu parles de l'amour de ta fille. Mais moi je ne réfléchis pas 20 fois. Il n'y a aucune bataille. Je suis comme ça, donc je le fais. Faire une chanson où je dis que j'aime ma femme, j'aime ma fille, c'est moi, point barre.
Pour certains titres, tu te mets dans la peau d'autres personnages : d'une maman sur Kalash & Roses, d'un enfant sur Hello... C'est plus facile de parler de sujets graves de cette façon ?
Lorsque ce sont des sujets que je n'ai pas vécus, je préfère créer un personnage et le mettre en scène. Ca me permet de me détacher. Du coup, la star c'est la chanson et ce n'est plus moi. Et si cette chanson peut faire réfléchir sans penser à Soprano, c'est magnifique, on a tout gagné !
Il y aussi des morceaux plus légers comme Fresh Prince. Le Prince de Bel Air, c'est une de tes séries cultes ?
Complètement ! Le Prince de Bel Air, le Cosby Show, Beverly Hills, Sauvés par le gong... : j'ai grandi avec toutes ces séries des années 90. Will Smith il est phénoménal dans le Prince Bel Air, c'est grâce à ça qu'il a explosé. Aujourd'hui même mes enfants sont morts de rire quand ils voient Will Smith, Carlton ou Jeffrey. Dans cet album je voulais absolument un morceau club et nostalgique à la fois, et ça a été celui là !
Le grand fan que tu es a forcément vu la prestation de Carlton dans Danse avec les stars aux Etats-Unis...
Cette histoire, c'est un truc de malade ! Dès qu'on a fini le morceau et qu'on pensait au clip, on a contacté le vrai Carlton [NDLR : l'acteur Alfonso Ribeiro] On le voulait dans le clip ! On l'a appelé, il nous a dit oui sans problème, bon en échange de beaucoup de biff hein ! (rires) Mais nous on a tardé dans l'organisation, et il a fini par nous envoyer un message disant : "en fin de compte, je ne peux pas venir, je fais Danse avec les stars !" Et on a découvert par hasard la coïncidence entre le moment où on a envoyé le morceau et sa fameuse prestation dans Danse avec les stars ! Donc j'ai vu cette vidéo, elle tue !
Les clips de Ils nous connaissent pas et Cosmo ont atteint 5 et 6 millions de vues sur Youtube. Tu t'attendais à un tel succès ?
Non, je ne m'attendais surtout pas à un tel succès pour Cosmo. C'est un morceau qu'on a envoyé en plein milieu de l'été, juste pour annoncer les dates de ma tournée. Et très vite, j'ai reçu plein de vidéos de gens qui dansaient dessus. Du coup on a décidé de s'amuser avec ça et d'en faire un clip ! Mais en fait je ne regarde pas trop le nombre de vues sur Youtube, pour moi c'est vraiment en concert que je vois si mon disque plait ou pas.
Sur iTunes, Matt Pokora vient de te piquer la première place du top des téléchargements avec son nouveau single On danse...
On vient de me le dire oui ! En même temps c'est Matt Pokora, il a beaucoup de monde derrière lui. Je n'ai pas encore eu le temps d'écouter son single. Mais je sais que certains des titres de son album sont produits par un jeune qui a aussi travaillé sur le mien et que j'aime beaucoup ! Du coup j'ai écouté les instrus avant même que Matt Pokora ne les découvre !
Avec cet album, tu es nommé aux Trace Urban Music Awards, entre autres dans la catégorie "meilleur artiste 2014"...
Je suis très content, mais je ne pense pas que je vais gagner ! A côté de moi y'a Black M, Indila, Maitre Gims... Avec les deux années qu'ils viennent de faire, je crois qu'ils méritent de gagner ! Après si mon public est derrière moi, ce sera top !
Tu as dit récemment que tu aimerais bien un jour écrire une série qui se passe à Marseille, c'est un vrai projet ?
C'est une vraie idée que j'ai depuis longtemps, mais je n'ai jamais le temps de m'y pencher. En janvier 2015 par contre je commence à tourner pour un film, et ça va me permettre de voir comment ça se passe. Et peut-être que plus tard, je pourrai faire ma propre série. Je suis un grand grand fan de série, alors faire ma série sur Marseille c'est un rêve plus qu'un projet. Mais comme beaucoup de rêves sont devenus projets et ce sont réalisés... qui sait !
Tu peux nous parler un peu de ce projet de film ?
C'est un film réalisé par Hubert [NDLR : Koundé, qui jouait Hubert dans La Haine] où je tiendrai un rôle principal. On est en plein travail mais je ne peux pas en dire plus !
Ta chanson du moment ? London Grammar – Hey No, je l'écoute tous les soirs avant de dormir
Ta série du moment ? Black List, Grey's Anatomy mais sans Christina ça fait bizarre, The Good Wife, Person of Interested, Arrow, Game of Thrones, Homeland même si je suis sceptique sur cette nouvelle saison... Je suis un vrai addict moi !
Ton appli du moment ? BetaSeries et Sérievore, avec tous les plannings de diffusion des séries par jour !
Propos recueillis par Louise Wessbecher. Ne pas reprendre sans mentionner Purebreak.com