Purebreak : Qu'est-ce qui t'a plu dans le scénario du film Les Héritiers ?
Stéphane Bak : Le scénario et tout ce qu'il y avait autour. A commencer par ma rencontre avec la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar avec qui je me suis très bien entendu. Rien que pendant les essais, elle nous laissait faire des improvisations. Elle nous disait que pendant le film, ça serait pas barré. Et ça, ça me plaisait. Il y a aussi ma rencontre avec Ahmed Dramé [qui a co-écrit le scénario du film] que je ne connaissais pas. Et le fait que ce soit un jeune comme moi qui écrit des films, j'avais envie de soutenir l'idée et d'en être. Et enfin, l'histoire me parlait. J'avais une classe identique. Malheureusement on a pas eu la même chance.
Dans le film, tu joues le rôle du petit comique qui intervient pour détendre l'atmosphère. Un personnage qui te ressemble beaucoup. Interprétation ou improvisation ?
Mon personnage de base était drôle. Mais Marie-Castille m'a plusieurs fois laissé improviser. Il y avait beaucoup de scènes durant lesquelles elle me disait : 'Ici, tu peux dire ce que tu as envie de dire et on verra ce qu'on garde'. Il y avait donc en gros 50% d'improvisation et 50% de choses déjà écrites. Mais je suis content qu'elle ait gardé beaucoup d'improvisations parce qu'il y avait pas mal de conneries qui ont été dites ! (rires)
Elle est importante cette touche comique dans Les Héritiers ?
C'est hyper important. En fait, les films qui parlent de ce sujet-là, celui de la Shoah - même si ce n'est pas qu'un film sur la Shoah, c'est aussi un film sur la jeunesse, j'en ai personnellement vu zéro avec un petit peu d'humour. Peut-être parce que c'est très compliqué. Et l'avantage avec les Héritiers, c'est qu'on dit souvent qu'avec les jeunes, on peut se permettre à peu près tout, on est un peu excusé. Et ça, ça nous permettait de dire des bêtises. Parce quand on parle de ce sujet en cours, il y a toujours quelqu'un qui va sortir une connerie. Et c'est ce qui fait que l'humour était naturel dans Les Héritiers.
Comment était l'ambiance sur le tournage ? Y a-t-il eu des dépressions ?
Non pas trop ! On a été très chanceux. On a passé deux mois à tourner à Créteil dans des conditions scolaires. On arrivait à 8h. A midi, on allait à la cantine... C'était vraiment comme en cours, avec une ambiance de colonie de vacances. Donc voilà, ça s'est très bien passé. Par exemple, je suis sûr que des comédiens adultes mettent des barrières entre eux et les jeunes acteurs. Et bien, Ariane Ascaride [qui joue le rôle de la professeur principale] était totalement naturelle et gentille avec nous. Et petite anecdote, sur la fin du tournage, elle a organisé un goûté où on s'est tous mis à jouer à des jeux comme en colonie. Elle nous a aussi offert des livres sur la Shoah pour qu'on se documente. Tout le monde était investi.
Dans une récente interview, tu expliquais avoir été viré du collège. En découvrant pour la première fois les bancs du lycée, est-ce tu penses que ça t'aurait plu ?
Je pense que ça m'aurait plu mais pour les mauvaises raisons. J'y serais allé pour foutre la merde avec mes copains. Mais ce n'est pas fait pour ça l'école. Après, je n'ai pas de regrets. J'ai une chance inouïe, c'est que je vis de ce que j'aime à 18 ans. Mais je ne crache pas sur l'école, c'est vraiment important. C'est regrettable d'arrêter l'école à 14 ans. J'aurais vraiment aimé continuer. Si ça se trouve, un jour je vais y retourner, et j'aurais envie de passer mon BAC. Puis s'appeler Stéphane Bak et pas l'avoir, c'est un petit peu con. Je n'ai pas eu la chance d'avoir des profs qui me motivaient. Ils me disaient : 'Fais ce que tu veux, moi je m'en fous'. J'avais l'impression d'être livré à moi-même. Et puisque personne ne voulait s'occuper de moi, je me suis dit que j'allais faire mes conneries.
Est-ce que tu vois dans un premier rôle ?
Je suis en train de bosser dessus pour mon prochain tournage, Les Peaux Rouges. On est en train de tout terminer. C'est un super film dans lequel on est quatre jeunes à l'affiche. Il y a toujours un petit leader. Mais après, ça me plaît aussi d'avoir des rôles de sniper comme dans Les Héritiers. Je suis heureux d'entendre les spectateurs dire aux avants-première qu'ils ont pleuré mais aussi ri. Ils apprécient que je fasse rire avec ma bêtise et ma naïveté. Alors, si dans un film, je peux avoir un second rôle qui permet ça, je suis content. Pour l'instant, je ne suis pas dans une guerre d'ego. Tant que je fais ce que j'aime, ça me convient !
A quand le retour sur scène ?
Je prépare actuellement mon premier spectacle. J'ai toujours joué des 10-15 minutes, mais jamais tout seul sur scène. J'espère que ça va arriver avant la rentrée 2015. Mais ça avance bien? Je recommence à monter sur scène le mois prochain pour tester mes nouveaux sketches. On croise les doigts pour la suite !
Finies par contre les blagues à la radio puisque tu ne fais plus partie de l'équipe d'Enora Le Soir sur Virgin Radio. Pour quelles raisons ? As-tu été évincé ?
Pas du tout, je m'entends toujours bien avec Enora, Zazoun et l'équipe. Ce qui s'est passé, c'est que je voulais faire mon spectacle. Et le problème, c'est qu'en étant à la radio de 21h à minuit, tous les soirs, tu ne peux plus monter sur scène à Paris. J'aime la radio mais on tourne très vite en rond. Et comme on a pu le voir, moi j'aime faire beaucoup de choses. J'aime bien m'ouvrir et là j'avais envie de revenir aux fondamentaux, c'est à dire la scène et jouer la comédie. Peut-être que pendant mon spectacle, je ferai des chroniques radio ou télé. Mais depuis que j'ai arrêté la radio, je respire. Et je n'ai pas été écarté. On a vu les dernières audiences. Elle montre que je n'étais pas un élément perturbateur.
Stéphane Bak sera à l'affiche du film Les Héritiers à partir du 3 décembre 2014.