Servir de la viande de cheval aux Restos du Coeur ? En théorie, l'idée parait sensée. Des tonnes d'aliments sans danger pour la santé, mais mal étiquetés, ont été retirés de la vente : pourquoi donc ne pas les donner à des associations afin de nourrir les plus démunis ? Si le ministre de la Consommation Benoît Hamon vient de donner son feu vert, dans la pratique c'est un petit peu plus complexe.
De la viande de cheval à la soupe populaire
Après le scandale de la viande de cheval, de nombreuses enseignes ont été contraintes de retirer leurs plats de la vente : Findus et ses lasagnes, Waitrose et ses boulettes de boeuf, tout comme Ikea ou encore Nestlé et ses raviolis. Au final ce sont des tonnes et des tonnes de plats surgelés qui ont été mis de côté. Et certains comme le porte-parole du Secours Populaire, Marc Castille suggèrent qu'ils finissent dans les assiettes des plus démunis. Benoît Hamon, le ministre de la Consommation vient de donner son feu vert. Interrogé sur RMC, il a indiqué qu'il existait "une disposition réglementaire qui prévoit qu'on puisse faire le don de produits qui ont connu un défaut d'étiquetage". Il rassure : "ceux qui bénéficieront de ces plats devront être informés de ce qu'ils vont manger".
Polémique au sein des asso
Si ces plats surgélés retirés de la vente ne représentent aucun danger sanitaire, ils ont fait grand bruit depuis plusieurs semaines. Si toutes les carcasses de chevaux ayant ingérés du phénylbutazone, un produit pharmaceutique dangereux à trop grande dose, ont été détruites, la viande de cheval suscite la méfiance du consommateur. C'est pourquoi le don de ces plats aux démunis fait polémique au sein même des associations. Si pour les banques alimentaires, la "lutte contre le gaspillage" l'emporte, la Croix Rouge s'oppose à la récupération de ces plats. "C'est une question de dignité" pour l'association. "On n'a pas envie de stigmatiser, de souligner que parce qu'on ne mange pas à notre faim, on peut manger des produits dont les autres ne veulent pas" indique-t-elle.
Des plats non "légaux"
Les industriels, quant à eux, ne sont pas contre l'idée, mais ne veulent pas se retrouver hors la loi. Le directeur général de Findus précisait vendredi sur Europe 1 : "ces produits ne sont pas légaux". "Je ne peux pas d'un côté ne pas vendre un produit parce qu'il n'est pas légal, et de l'autre aller le donner à une association" avait-il précisé. Il attendait un feu vert du ministre. Voilà qui est fait.