"Pourquoi être une p*te c'est mal ? Pourquoi être une traînée, c'est mal ?".
Ca, c'est la question que s'est posée Zahia Dehar au micro du podcast Bip Sonore, témoignant : "Quand j'avais douze ans, on m'insultait de p*te, alors que je n'avais même pas encore de vie sexuelle ! J'avais envie de mettre des mini-jupes. Mais alors que mon corps se formait, je sentais que la société commençait déjà à me dire : attention ! vous n'avez pas intérêt à être une traînée, une dévergondée... Pourquoi tout ça c'est mal déjà ?".
L'actrice et mannequin aime mettre les points sur les i, quand il s'agit de parler de sexisme et de sexualité, et de la manière dont la société associe les deux pour condamner les "filles faciles". Une chasse aux sorcières qui peut avoir de graves incidences... Et mener au drame.
Zahia en sait quelque chose malheureusement.
Au moment de "l'affaire Ribéry/Benzema" qui l'a révélée au grand public, elle-même a failli mettre fin à ses jours. Elle dit tout dans un autre podcast, Fenêtre sur corps du magazine sportif L'Equipe. C'est poignant.
"A l'époque, mon nom est sorti malgré moi dans la presse, je ne l'ai pas cherché, je n'ai porté plainte contre personne. Je ne suis pas allé voir la police, ils sont venus me chercher... Et pour moi, c'était la fin de ma vie. On le sait : cette étiquette, c'est la pire qu'une femme puisse porter dans la société. Et commencer ma vie d'adulte avec, être connue par tout le monde comme 'ce genre de femme', c'était très dur", raconte-t-elle.
Mise en avant médiatique exacerbée, aura scandaleuse, sorties sexistes diverses - par des journalistes, des personnalités, des déclarations publiques - voire misogynie la plus décomplexée... A l'époque de ce scandale retentissant, en 2010, Zahia est victime de "putophobie" décomplexée : un vrai terme qui désigne la haine des travailleuses et travailleurs du sexe, jugés selon leurs moeurs, leur attitude, leur train de vie.
Elle poursuit, dans le podcast mis en ligne ce 15 novembre : "J'ai même pensé à me suicider. Je me suis dit : soit je me suicide, soit j'essaie de surpasser ça. C'était une mission impossible de réussir à trouver du travail, à avancer, à faire des choses qui me plaisent et à ne pas penser au jugement."
Aujourd'hui comédienne, femme d'affaires, mannequin, Zahia est parvenue à passer "au-dessus" de ça, fort heureusement. Mais elle subit encore les pires affronts des sexistes en manque d'imagination - sur les réseaux sociaux notamment. Raison de plus pour l'écouter. Et relayer.