22% des Français déclarent connaître une personne bisexuelle : parent, ami, collègue... Un chiffre qui s'étend à 26% si l'on prend en compte 29 autres pays, parmi lesquels l'Espagne, le Canada, le Japon, la Turquie, l'Afrique du Sud, la Thaïlande... Sur ces 30 pays, parmi 22 514 adultes âgés de 18 à 74 ans, 4% s'identifient comme bisexuels. Tous ces chiffres sont ceux d'une précieuse enquête réalisée par Ipsos entre le 17 février et le 3 mars 2023.
Précieuse, oui, car elle actualise les données que l'on peut poser sur les voix bisexuelles dans l'Hexagone, et à travers le monde. Tu l'as peut être remarqué, mais la visibilité des personnes "bi" est encore très compliquée. Si celle des personnes homos, lesbiennes, trans, est essentielle, on peine à entendre la voix de celles et ceux qui sont attirés par les deux sexes. Pour plus de témoignages, il faudrait... plus de témoignages. C'est là que le bas blesse : l'absence de résonnance médiatique participe à l'exclusion, aux tabous, aux non-dits.
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Et si en France tout cela commençait à changer ? Depuis des années, Angèle ouvre la voie et aborde publiquement son coming out lesbien et sa condition de femme bisexuelle. Mais elle n'est pas la seule à en parler dans le monde de la musique. Christophe Willem lui aussi libère la parole.
Ainsi c'est dans l'émission YouTube de Posplay que l'artiste s'est exprimé, sans bafouiller. Il a raconté : "Comme je peux être attiré par une meuf ou un mec, ça complique le champ du truc. J'ai été avec les deux donc si tu veux, j'ai pu tester les deux". Auprès de Posplay, l'interprète de Double Je affirme également détester "les gens trop dans la norme" et même "la norme en général, mais dans tous les sens du terme".
Et ça, ce n'est pas évident, dans une société dite "hétéronormée" : c'est à dire, qui perçoit depuis très (trop ?) longtemps l'hétérosexualité, l'attirance à sens unique, comme une norme, un modèle sur lequel doivent se calquer les individus, quelque soit leur sensibilité, leurs sentiments, leur parcours. Un cadre très rigide.
Cadre que Christophe Willem aimerait certainement voir éclater. "J'aime bien les gens haut en couleur, les personnes d'une autre culture, qui aiment bouger", poursuit-il. Avant de préciser que la bisexualité n'a rien d'aisée à vivre dans une relation. Pourquoi ? Car les gens généralement sont "doublement jaloux".
S'il avait déjà pu chez Jordan de Luxe faire ce coming out bi, affirmant que "la sexualité et le désir semblent plus complexes qu'un choix binaire entre gay ou hétéro", le chanteur revendique aussi l'usage d'un mot : queer. C'est à dire, pour citer le Larousse, toute personne dont l'orientation ou l'identité sexuelle "ne correspond pas au modèle social hétéronormé", et qui affirme "son refus des catégories liées au sexe". On y revient !
Auprès des confrères de Purecharts, le vainqueur de Nouvelle Star 4 explique : "S'il faut trouver un terme qui englobe tout, je me définis queer. C'est très dur quand, jeune, on te met une étiquette avant même que tu saches qui tu es. Aujourd'hui, je sors de toute norme binaire. La vraie liberté, c'est de coucher sans aucune limite quant au sexe de l'autre".
Une liberté toujours mal acceptée malheureusement. Angèle le déplorait d'ailleurs à Vogue en février dernier : "Il n'y a rien à faire : tu marches dans la rue, à l'aéroport, tu regardes les publicités... quand on te montre un couple, c'est toujours un couple hétéro, et si c'est un couple gay, c'est le sujet. Donc, au départ, l'attirance pour les filles, que j'ai ressenti dès 13 ans, c'est un truc que je réprimais, bien sûr". Triste, très triste.