Tu connais certainement la méthode dite de "l'Actor's Studio". L'Actor's Studio, ce n'est pas une école, c'est une organisation, leadée depuis la toute fin des années 40 par des grands noms de la mise en scène et de la comédie. Des figures majeures comme Elia Kazan et Lee Strasberg ont contribué à son prestige, avant que des stars (et anciens "élèves") comme Al Pacino prennent la relève. Mais c'est quoi cette "méthode" ?
Simple : c'est une manière très organique d'envisager l'interprétation d'un rôle. L'acteur doit se plonger totalement dans la psyché et la vie du perso qu'il incarne, s'impliquer émotionnellement pour rendre sa performance la plus juste et authentique possible. Cela implique d'être à fond psychologiquement, mais aussi physiquement, quitte à y dédier son esprit et son corps - certains décident de rester "dans la peau" du perso, même en dehors des tournages. Pacino et De Niro en sont de beaux exemples, mais tu penses peut être aussi à Dustin Hoffman, Heath Ledger, Nicolas Cage, Joaquin Phoenix, Jared Leto...
Et aujourd'hui, il faut ajouter un autre nom à cette longue liste : Tom Holland. Oui oui, Spider-Man en personne. C'est en tout cas ce que détaille la jeune star elle-même à Entertainment Weekly. Pour un prochain rôle dans une minisérie très attendue, l'acteur de 26 ans s'est totalement impliqué psychologiquement. Quitte à en perdre la raison. Oui oui.
Il explique au magazine américain : "Je me voyais à travers ce personnage... Si bien que je me souviens m'être effondré chez moi et d'avoir pensé, 'Je vais me raser la tête. Je dois me raser la tête, car je dois me débarrasser de ce personnage'"...". Ah oui quand même. Mais c'est quoi du coup, ce rôle hyper complexe d'une vie ?
En fait, le film qu'évoque Tom Holland s'appelle The Crowded Room et sa sortie est prévue sur Apple TV+ pour juin prochain. L'acteur y joue Danny Sullivan, arrêté à la fin des années 70 suite à son implication dans une fusillade à New York en 1979. Mais l'on découvre vite que le présumé coupable souffre... d'un trouble dissociatif de l'identité. Un pitch qui puise dans une histoire bien réelle, celle de Billy Milligan. Milligan avait de multiples personnalités, et son cas fut si marquant qu'il a beaucoup inspiré Hollywood, et notamment... le film Split.
Comme c'est souvent le cas pour celles et ceux qui se la jouent "méthode Actor's Studio" (on dit tout simplement "la méthode" pour les intimes), Tom Holland s'est beaucoup renseigné sur les particularités mentales de son perso. Il a notamment bossé aux côtés de psychologues pour être le plus juste possible.
Quitte à se flinguer complètement la santé. Normal, pour un tournage qui s'est étalé durant neuf longs mois. Il raconte : "La dimension psychologique du perso, ça m'a complètement épuisé. Et ça m'a pris beaucoup de temps pour récupérer après, et même pour revenir en quelque sorte à la réalité".
Après avoir incarné Danny Sullivan, Tom Holland espère sensibiliser son large public "aux problèmes de santé mentale" et leur inspirer "du respect". Pas étonnant : l'interprète de Peter Parker voue une importance monstre à tous ces enjeux. L'an dernier encore, il expliquait se "détox" des réseaux sociaux pour ne pas sombrer dans le burn out. Dans ses interviews, il privilégie la bienveillance envers soi, sa santé, et celle des autres.
Bon, mais pourquoi se raser la tête ? Ca semble exagéré, mais on reconnaît là le côté "extrême" des perfs à la Actor's Studio. Afin d'interpréter au mieux le Joker, le regretté Heath Ledger par exemple s'était isolé un mois durant dans un chambre d'hôtel, avait dédié un journal entier au personnage, modelé sa voix, s'était plongé dans des oeuvres ou des articles traitant de la folie et de la psychopathie... Quitte à malmener sa propre santé mentale.
La partition de Tom Holland sera-t-elle tout aussi intense que l'acteur Oscarisé ? En tout cas, comme toi, on s'impatiente de la découvrir...