La tension a été palpable à l'Assemblée nationale ce mardi 3 octobre 2023. Lors des Questions au gouvernement, Sandrine Rousseau a interpellé Gérald Darmanin sur le sort de Mayotte, département confronté à une crise d'eau à cause d'une sécheresse persistante depuis 1997.
Pour faire réagir le ministre de l'Intérieur, la députée, qui a été accusée de violences, a pris pour exemple Strasbourg. "Imaginez la ville de Strasbourg, 270 000 habitants, privée d'eau 2 jours sur 3. Imaginez que lorsque l'eau coule enfin du robinet, elle soit marronnasse, qu'elle donne la diarrhée. Imaginez que des enfants n'aillent plus à l'école faute d'eau. Imaginez-vous dans l'impossibilité de vous laver 2 jours sur 3. Et pour boire, les habitants de cette ville doivent acheter des packs d'eau, entre 6 et 10 euros, qui font l'objet de spéculations et peuvent se revendre encore plus chers", lui a-t-elle lancé.
"Tout cela se passe à Mayotte et c'est loin Mayotte, très loin. Pourtant, Mayotte, c'est la France. Bien sûr qu'on peut dire qu'il s'agit d'une sécheresse, mais ce serait voir qu'une partie du problème. Ce dont il s'agit ici, c'est bien d'une crise de l'abandon par l'Etat. Faute d'entretien : 40% des fuites d'eau du réseau, pas de traitement des déchets ni de lutte contre la pollution... Aucune démarche d'association des populations locales pour trouver une solution, pas d'anticipation par les recherches. La situation n'est pas nouvelle : 29% des résidences à Mayotte n'ont pas accès à l'eau potable contre moins de 1% dans l'hexagone...", a dénoncé celle qui a dérapé après la mort de Geneviève de Fontenay avant d'asséner à Gérald Darmanin : "Pour le gouvernement, est-ce que les Mahorais sont des Français comme les autres ?!".
Le ministre, qui a été accusé de mensonge par Apolline de Malherbe, n'a pas supporté la remarque de Sandrine Rousseau. "Imaginez une députée qui pose une question sur Mayotte sans jamais s'y être rendue. Votre intervention est particulièrement démagogique ! De comparer les 50 000 bouteilles d'eau que distribuent l'armée française en ce moment à Mayotte, de comparer les difficultés qu'ont les Mahorais quand nous défendons ici même la possibilité d'avoir un projet de loi spécifique que votre groupe politique a toujours combattu. Et de comparer les difficultés que connaissent nos amis Mahorais pour lesquels le gouvernement fait des efforts essentiels, parce qu'il n'y a pas de nappe phréatique à Mayotte, pour finalement servir vos intérêts politiques sans vous être rendue auprès des Mahorais", a-t-il sèchement recadré la députée Europe Ecologie-Les Verts.
Alors que Gérald Darmanin venait de l'inviter à "travailler" avec le gouvernement, Sandrine Rousseau a ironisé : "Imaginez un ministre qui parle de sécheresse sans jamais avoir compris le réchauffement climatique". Ce à quoi son interlocuteur a vivement réagi : "Vous ne voulez pas voir que l'un des problèmes à Mayotte, c'est sa surpopulation. Et que quand nous nous battons pour des opérations de reconduite à la frontière, la scolarisation des enfants et la construction d'un deuxième centre hospitalier, vous votez contre toutes les décisions qui concernent Mayotte".
"Et aujourd'hui, vous voulez nous faire croire, alors que les Mahorais réclament la fermeté de la République, que vous êtes de leur côté. Mais venez donc un jour quand nous allons tous les mois avec le ministre de l'Outre-Mer à Mayotte. Sortez de Paris et allez à Mamoudzou !", a-t-il asséné à la députée qui a été accusée d'être "hors la loi" par un invité de BFMTV...