Alors qu'il était attendu depuis de longs mois et qu'il est déjà annoncé comme l'un des grands favoris pour la prochaine cérémonie des Oscars qui se déroulera en 2023, notamment du côté de la performance d'Ana de Armas, le film Blonde - disponible sur Netflix depuis ce mercredi 28 septembre 2022 est loin de faire l'unanimité auprès du public.
Si la performance de l'actrice est saluée par de nombreux spectateurs et que certaines qualités du film (photographie, ses plans) sont évidemment applaudies, ce sont ses défauts qui semblent prendre le pas dans les discussions aujourd'hui.
Ainsi, entre le fait que l'histoire est loin de la biographie classique que certains s'attendaient à voir, sa gestion parfois maladroite de la question du sexisme et son parti pris d'angler Blonde façon descente aux enfers horrifiques avec parfois quelques séquences au mieux dérangeantes, au pire totalement déplacées et inutiles (certains y voient un genre du torture-porn), ce film signé Andrew Dominik se retrouve sous le feu de l'incompréhension et des critiques.
"Blonde est probablement l'un des biopics les plus irrespectueux et dégoûtant que j'ai pu voir. Marilyn n'était pas faible, elle s'est battue pour les droits civiques, pour l'égalité salariale. Elle n'a jamais voulu être traitée comme une blague ou un objet sexuel" peut-on lire sur Twitter, tout comme, "D'abord Spencer, maintenant Blonde, cette mode hollywoodienne de filmer des 'biopics' d'icônes féminines non basés sur les fait mais la fiction tout en desservant leur mémoire et les humiliant est quelque peu étrange".
Ce n'est pas tout, "Blonde, et plein d'autres films/séries comme Pam and Tommy illustrent juste à quel point on n'écoute pas les femmes, par contre se faire du fric sur leur dos ça y a pas de problème" est également partagé sur le site, ou encore "Fascination pour le viol, images pro-life et abêtissement de la figure de Marilyn Monroe, Blonde sur Netflix est un enfer interminable durant lequel les gribouillages visuels de Andrew Dominik et une Ana de Armas convaincante ne suffisent pas à masquer la vacuité de l'ensemble."
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Ce qu'il faut pourtant savoir, c'est que Blonde n'a en réalité jamais été vu comme un biopic. Adapté du livre éponyme de Joyce Carol Oates, ce roman est une biographie fictive qui utilise certains éléments connus de la vie de l'actrice, sans pour autant être fidèle à la réalité.
Et c'est ce que défend justement Andrew Dominik. Conscient des critiques sur le flou du discours entre réalité et fiction et de certains choix créatifs qui cassent énormément de choses autour de Marilyn Monroe avec une réelle violence visuelle, le réalisateur a donc profité d'une interview accordée à Sight & Sound Magazine pour faire entendre son point de vue.
"Je ne suis pas intéressé par la réalité, je suis par les images, a-t-il confié. J'ai donc sélectionné chaque image de Marilyn que je pouvais trouver et j'ai tenté de mettre en scène des choses autour d'elles." Puis, plus loin, le cinéaste a précisé en quoi ce film était plus à voir comme une expérience que comme un documentaire stylisé : "J'ai fait énormément de recherches, mais au final, ce film concerne le livre. Adapter ce livre équivalait à adapter les émotions qu'il m'a fait ressentir. Je vois ce film, d'une certaine manière, comme la vision de Joyce envers Marilyn. C'est un film qui est plus centré sur le sens qu'on donne à Marilyn Monroe. Elle était un symbole de quelque chose. Elle était l'Aphrodite du 20ème siècle, la déesse de l'amour des Américains. Et elle s'est donnée la mort. Donc qu'est-ce que cela raconte".
Une déclaration qui explique pourquoi Blonde peut apparaître comme si dérangeant et dur par instant, et moins classique dans sa forme. En revanche, est-ce que cela justifie autant de violences graphiques à l'écran...