C'est des étoiles plein les yeux que l'agriculteur Pierre Jarjeau revient des Etats-Unis : c'est une certitude, il érigera sa ferme en réussite technologique. Mais d'une année à l'autre, imprévus, soucis et dettes s'alignent. Le petit coin de paradis devient un véritable cauchemar. Une tragédie ?
Le monde paysan est délaissé par le cinéma français. On citera volontiers l'excellent Petit Paysan avec Swann Arlaud (le "sexiest lawyer" de Anatomie d'une chute) mais la liste est loin de s'éterniser. Cependant, un film sur le sujet est parvenu à dépasser en quelques jours le cap du million d'entrées, jusqu'à frôler les 2 millions au bout de son exploitation en France : Au nom de la terre, à retrouver ce 18 février à 21h10 sur France 2. Un grand succès public.
Et un drame à hauteur d'homme qui n'aurait peut-être pas profité d'une si large visibilité sans sa star : Guillaume Canet. Et dont les thématiques font fortement écho à ce qui bouscule le pays aujourd'hui...
Inspiré par l'histoire malheureusement vraie du père du cinéaste, Edouard Bergeon, le poignant Au nom de la terre relate les drames du monde paysan et fait terriblement écho à l'actuelle révolte des agriculteurs, manifestant notamment afin de dénoncer des charges financières que les principaux concernés jugent trop lourdes.
Sans trop en dévoiler sur la trajectoire de Pierre Jarjeau, force est de constater qu'elle renvoie à quantité de faits divers relatifs au quotidien des agriculteurs en France. Quelque part, un véritable film social, puisqu'il aborde frontalement un sujet sensible. C'est ce qu'a observé franceinfo : "le film fait écho à l'actualité. En milieu rural, rares sont les gens qui ne connaissent pas de près ou de loin un cas de suicide. 372 suicides de paysans en 2015, soit plus d'un par jour, contre 150 cas en moyenne par an entre 2007 et 2011...".
C'est en tombant sur un documentaire d'Edouard Bergeon dédié au sujet que Guillaume Canet a décidé de porter cette histoire sur grand écran. Et alors que le projet avait déjà été lancé par le réalisateur, l'acteur a insisté, proposant d'y figurer en premier rôle. Pour convaincre, il s'est adonné à une transformation physique façon Actor's Studio, se rasant le crâne et perdant quelques kilos afin de ressembler au père du cinéaste !
Fils d'un éleveur de chevaux dans les Yvelines, Gauillaume Canet croyait en la pertinence d'un tel sujet. La réalité lui a donné raison : le film a remporté dans le monde trois fois son budget - estimé à 5,37 millions d'euros.
A nos confrères d'Allociné, le comédien a volontiers rappelé la pertinence du propos politique du film : "Les agriculteurs ont un amour indéfectible qui explique les difficultés dans lesquelles ils se retrouvent aujourd'hui. La terre, c'est toute leur vie. On leur a dit qu'il fallait faire du rendement, fabriquer à moins cher avec des pesticides et ils l'ont cru de bonne foi".
"Aujourd'hui, beaucoup sont malades à cause de toutes les substances qu'ils ont respirées et peinent à se sortir de l'impasse. Ils se retrouvent à la fois malades, insultés et pauvres. Ils sont complètement démunis !".