Si on devait te résumer les années 2000 en quelques mots : du mauvais goût, du contenu hyper sexualisé à toutes les sauces (des émissions de télé-réalité aux Unes des magazines), des acteurs de sitcoms érigés en superstars d'Hollywood. Le bon vieux temps, ou tout simplement l'enfer, selon ta sensibilité nostalgique.
Et d'enfer il en est justement question dans l'un des films les plus emblématiques de cette décennie : Bleu d'enfer, Into the blue pour les bilingues. Un "summer movie" parfait, dans la mesure où tout son casting est en short de bain / bikini durant deux heures, constamment dans la flotte ou sous le soleil... Et on ne te parle pas de n'importe quels acteurs : le regretté Paul Walker et Jessica Alba. Impossible de faire plus glam' en 2005.
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Mais si ce film culte à (re)voir ce 6 juin 2023 à 21h10 sur 6ter réjouit les amateurs de beaux plans et de requins, ce ne fut pas vraiment la même limonade pour son actrice principale, justement. Loin de là même.
Car pour Jessica Alba, Bleu d'enfer... Et bien, a très bien porté son nom, encore une fois. Pourtant, l'équation est belle. On prend un réal' habitué des océans (Blue Crush et sa Kate Bosworth en surfeuse, c'est aussi lui), une intrigue mouvementée à base de cargaison de drogue, de plongée dans les abysses et de squale, un cadre paradisiaque (les Bahamas), l'acteur de Fast & Furious, et le tour est joué. Oui, mais non.
Comme le relate effectivement Buzzfeed, si Jessica Alba a d'emblée pu souffrir des nombreuses réécritures imposées à son personnage, faites au fil de l'eau entre deux prises, elle a encore plus détesté arborer un simple bikini bleu dans ce thriller maritime. Et surtout, le fait d'avoir à le garder constamment sur le tournage. La star n'est pas dupe de ce que le réalisateur souhaitait alors "valoriser" - spoiler, pas la psychologie de son perso. Dommage : à la base, elle a surtout dit "oui" au projet car elle a une véritable expérience de la plongée.
Mais même après le shooting du film, l'enfer n'était pas fini pour Jessica Alba. En interview, les magazines ne la renvoient alors qu'à ça : son corps, son bikini, ses fesses - les longues séquences de plongée du film sont très très peu "2023" de ce point de vue-là. A l'époque, un journaliste ira jusqu'à lui demander : "Y'a-t-il au moins une partie de votre corps que vous ne souhaitiez pas montrer ?". Hyper classe.
On le devine, l'amertume de l'actrice est bien plus "deep" que les fonds maritimes. Pour elle, Bleu d'enfer est le prototype d'une époque où les projets qu'on lui proposait, et le regard (masculin) qu'on lui portait, n'avaient pour dessein que de la sexualiser. Le plus possible. Il faut dire qu'à cette période, la Californienne a hérité du titre de "femme la plus sexy du monde", délivré par le magazine FHM. Toute une époque, oui. Alors que films et photographes la mettent avant tout en scène comme un corps, on lui dit texto : "sois belle et tais toi".
A People, elle reviendra sur cet aspect là. On la lit : "à Hollywood, on disait aux hommes : "Oh, vous êtes vraiment intelligent" quand ils proposaient des idées sur leur personnage ou l'histoire, mais pour les actrices comme moi c'était plutôt : "Quoi ? Tu as une opinion ?"... Une femme qui s'imposait était considérée comme agressive. L'attitude des mecs envers les femmes fortes était assez oppressante à bien des égards".
Heureusement, Jessica Alba a su remonter à la surface, des projets de studios plus ambitieux (comme Sin City de Robert Rodriguez) aux bizarreries d'auteur, telle la très dérangeante série noire The Killer Inside Me. N'empêche, même si les temps ont changé (encore heureux) c'est toujours avec un plaisir certain qu'on revoit Bleu d'enfer, surtout lorsque la température extérieure commence à grimper : on appelle ça la nostalgie.