Comme l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès, le meurtre de Grégory Villemin en 1984 est l'un des faits divers français les plus célèbres. Si vous ne vous souvenez pas de cette histoire, le petit garçon de 4 ans a été retrouvé poings et pieds liés et la tête recouverte d'un bonnet dans la rivière La Vologne dans Les Vosges. Malgré de longues années de recherches et d'auditions, le tueur n'a à ce jour jamais été identifié. Cette enquête qui passionne toujours autant 36 ans après a eu le droit à une série documentaire sur Netflix.
Et si l'on en croit les infos du Parisien, "le nouveau magistrat en charge du dossier, le président de la chambre d'instruction de la cour d'appel de Dijon (Côte-d'Or) Dominique Brault, a mené au début du mois de décembre une série d'auditions de témoins" présents dans les Vosges au moment de la mort de Grégory Villemin. "Les investigations ont repris et avancent. Des actes d'enquête ont été menés", précise le nouveau procureur général de Dijon, Thierry Pocquet du Haut-Jussé.
En revanche, les époux Jacob et Murielle Bolle, placée en garde à vue en 1984, ne font pas partie de ces témoins, mais "il y aura de nouvelles mises en examen, c'est certain", affirme une source "qui a travaillé sur l'enquête".
L'affaire Grégory Villemin pourrait aussi connaître une grande avancée grâce à "une expertise novatrice commandée discrètement par la précédente magistrate instructrice il y a maintenant près de trois ans". Quelle est-elle ? La stylométrie, réalisée par une entreprise suisse. Le concept ? "Elle vise à démasquer le ou les corbeaux qui avaient menacé les parents de Grégory et revendiqué l'assassinat en comparant les courriers menaçants envoyés anonymement entre 1983 et 1984 avec des textes rédigés par différents protagonistes de l'affaire : suspects, proches, membres de la famille", confie Le Parisien.
Après les analyses des différents textes, "en faisant des rapprochements dans le style, la tournure des phrases, la syntaxe, la ponctuation", un auteur "commun entre des lettres de menaces et des courriers témoins" aurait été identifié.
Ce rebondissement avec cette nouvelle expertise est vivement critiqué par l'avocat de Jacqueline Jacob, la grande tante du petit Grégory soupçonnée du meurtre : "Cette expertise a coûté très cher pour passer quelques feuilles au scanner et on voudrait nous faire croire que les Suisses, avec leur régularité et leur ponctualité, ne l'avaient pas déjà remis en temps et en heure, c'est-à-dire il y a trois ans ! Affirmer que c'est un élément nouveau, c'est se moquer du monde."
Son autre avocat, Me Frédéric Berna, a de son côté affirmé à BFM TV : "Si un nouveau magistrat se prend d'envie, après les échecs cuisants de ses prédécesseurs, d'être le nouveau Zorro de l'affaire Grégory, je ne laisserai pas à nouveau sacrifier la santé de ma cliente sur l'autel du syndrôme de la Vologne. Il faut cesser cette folie, et arrêter d'humilier la justice et de détruire inutilement la vie d'innocents."
Des discours que Me Stéphane Giuranna, l'avocat de Marcel Jacob, valide : "On se fout de nous et, manifestement, la justice n'apprend pas de ses erreurs. En comparant les écrits de gens qui habitent dans le même secteur géographique restreint, qui ont le même âge, qui ont fréquenté les mêmes établissements scolaires et qui partagent la même origine sociale, on va évidemment tomber sur des gens qui ont, peu ou prou, le même style et la même syntaxe que le corbeau. Tout ceci commence à devenir ridicule."
L'avocat de Christine et Jean-Marie Villemin, les parents de Grégory, lui, garde espoir : "Les investigations ont repris dans cette affaire, et je reste confiant quant aux résultats concrets et effectifs des investigations, mais il faut encore s'armer de patience", déclare Me Thierry Moser.