Contrairement à ce que son titre peut laisser penser, Black Snake n'est absolument pas une parodie de Black Panther et encore moins un plagiat. D'ailleurs, Thomas N'Gijol nous le confiait en interview : "Je ne connaissais pas l'existence de Black Panther avant de m'attaquer à Black Snake. J'ai vu qu'il n'y avait aucun point commun". Et il est vrai que les deux héros n'ont rien à voir, tant l'acteur/réalisateur a su profiter de cette histoire pour créer un véritable univers autour de son personnage : il possède une origine story qui lui est propre, il a ses pouvoirs, ses ambitions personnelles...
Black Snake n'est pas un film qui se moque des super-héros, c'est une comédie qui se déroule dans un univers de super-héros. Et c'est là toute la nuance. Ce postulat permet ainsi au film d'exister de lui-même et d'avoir une réelle consistance à travers une histoire à la fois plaisante et surprenante.
Par ailleurs, là où tous les films de super-héros se ressemblent, Black Snake réussit à inverser la tendance : le film fait de l'humour au travers d'un univers héroïque. Un véritable pied de nez à la "touche Marvel" qui fonctionne magnifiquement. Ici, aucune blague ne sonne forcée, les punchlines s'enchaînent comme il faut dans le bon timing et l'ambiance super-héros est parfaitement dosée. A l'inverse de grosses productions, Black Snake ne tente jamais de s'imposer dans quelque chose qu'il ne maîtrise pas. Par conséquent, si les scènes d'action sont efficaces, elles restent sobres et limitées, le film se rattrapant amplement sur le reste. Et c'est kiffant.
Avec Black Snake, Thomas N'Gijol nous prouve qu'il n'est pas un opportuniste qui tente de surfer sur la déferlante de super-héros au cinéma. Au contraire, on perçoit à chaque instant qu'il s'est véritablement intéressé à l'univers des comics et à ses codes, ce qui lui a permis de les déconstruire d'une façon déjantée. Que ce soit sur les costumes (comment avoir du style quand on est seul et que l'on n'y connait rien ?), les premières batailles (comment doser ses efforts et tactiques sans apprentissage ?), les limites d'un héros face aux pouvoirs qu'il possède ou non (comment se déplacer sans la capacité de voler ou de courir vite ?), sa part d'humain trop souvent oubliée (un homme avec des pouvoirs est-il toujours destiné à faire le bien ?), Thomas N'Gijol a embrassé ces codes pour mieux représenter leurs failles via leurs forces. Et c'est génial.
Et bien sûr, on ne l'a pas dit mais c'est évident : Black Snake est très drôle, regorge de répliques déjà incontournables ("On peut se foutre sur la gueule, mais dans le respect"), et Edouard Baer est probablement le méchant le plus fou et improbable du moment.
Black Snake est actuellement au cinéma.